de Porquoi pas?
Note de l’auteur: Cette uchronie a été conçue comme une sorte de livre d’histoire de ce monde parallèle où la vie de Louis XIV a été abrégée. Elle prend la forme d’une chronique avec des encadrés expliquant certains aspects importants.
La fin du règne de Louis XIV le magnifique : (La situation décrite est celle de l’année 1680) En 1680 Louis XIV est roi de France depuis 37 ans, même s’il ne gouverne réellement que depuis 1661. Ces années ont une période magnifique et prospère pour le pays.
Sur le plan européen les guerres de Louis le magnifique ont permis d’imposer une hégémonie française défendue par les armes sur le continent. L’Espagne a été vaincue, de même que les Provinces-Unies, l’Empire et l’Angleterre, l’armée française s’est montrée partout supérieure. La France s’est étendue en annexant la Franche-Comté et en établissant une solide frontière au Nord défendue par les forteresses de Vauban. Le roi continue allègrement sa politique victorieuse d’annexions et de défi méprisant envers l’Europe entière.
Sur le plan interne Louis XIV a réussi à mater les ambitions des princes et de la noblesse, imposant un pouvoir absolu soutenu par de grands serviteurs comme Colbert ou Louvois. L’autorité du roi pèse sans modération sur toute la société française. Après la famine de 1661 l’agriculture et l’industrie ont été reconstruites par Colbert et ses principes rationnels.
Mais c’est surtout dans le domaine des arts que le règne de Louis XIV brille, Corneille et Racine inventent la langue française classique et avec les comédies de Molière font la gloire du théâtre français. En musique Lully règne, en peinture les frères Le Nain, Nicolas Poussin, Le Brun et tant d’autres s’illustrent. Les architectes Le Vau puis Mansart édifient dans le même temps le palais rêvé du roi, Versailles.
Même si Molière est mort en 1673, que la guerre avec les Provinces-Unies résistent, que l’économie colbertiste stagne et que le peuple souffre toujours de la faim et de a misère, le règne de Louis XIV apparaît encore comme le règne le plus fastueux de l’histoire de France et comme le roi le plus glorieux d’Europe et du monde.
Louis XIV lui-même est encore une force de la nature de 42 ans festoyant et vivant, il a survécu aux maladies et aux blessures et semble bâti pour vivre encore de très nombreuses années. C’est pour cela que lorsqu’il tombe malade en décembre 1679 personne à la cour ne se montre très inquiet. Pourtant le mal empire rapidement, un mois plus tard le Roi-Soleil est à l’agonie. La France se prépare alors à une succession non préparée, le souverain conscient de sa fin proche conseille à son fils le Dauphin de se fier pour les affaires à monsieur de Colbert et pour les affaires militaires à monsieur de Vauban. Peu avant de perdre la parole il déclare : « Je m’en vais, mais l’Etat demeurera à jamais. » pour rassurer la cour. Louis XIV meurt au début de janvier 1680, il sera enterré en grande pompe, pleuré par son peuple. Le règne de Louis XV (pour nous le Grand Dauphin) commence.
7 janvier 1680 : Décès de Louis XIV le magnifique, roi de France, son fils, Louis XV, lui succède à l’âge de 19 ans. Le 14 janvier 1680 : Lors de la réunion du premier conseil d’en-haut le nouveau souverain, Louis XV, ordonne l’ouverture d’une enquête sur la mort de son père.
L’affaire de l’empoisonnement de Louis XIV : Le chef de la police, La Reynie, chercha en priorité des liens avec une éventuelle conjuration politique impliquant des nobles ou des étrangers, surtout des Hollandais, mais ses découvertes le portèrent dans une direction inattendue. Les preuves accusèrent la favorite du roi, la marquise de Montespan, liée à une femme appelée La Voisin déjà cité dans d’autres affaires comme la mort de mademoiselle de Fontanges, une rivale de la favorite, elle est connue pour ses poisons et potions. La Reynie met alors à jour un vaste réseau de poisons et de messes noires impliquant beaucoup de grands noms de la cour, surtout des femmes (dans notre histoire il s’agit de l’affaire des poisons). Il apparaît bientôt que la marquise vieillissante et jalouse craignait de perdre la faveur du roi face à une des jeunes femmes de la cour comme la Fontanges. La favorite faisait donc absorber en secret au roi des potions d’amour (dans notre histoire la chose fut révélée en 1682), qui sait ce que ces potions contenaient ? Sans doute l’une d’elle contenait une substance mortelle, accident ou assassinat payé de La Voisin, cela ne fut jamais prouvé. La marquise de Montespan et sa complice La Voisin sont arrêtées et accusées de régicide. La Voisin est brûlée en tant que sorcière tandis que la Montespan subit la punition des régicides, elle est torturée en public et écartelée vivante. Les fils illégitimes de la marquise et du roi sont arrêtés aussi et tous emprisonnés à vie. Cette affaire scandaleuse et humiliante inspirera à Corneille une pièce, Hercule et Déjanire. Peu de temps après commencent les travaux pour le nouveau mausolée de Saint-Denis sur les plans de Mansart qui servira désormais de nécropoles royale.
Le jeune Louis XV : Politiquement le jeune Louis XV est dans la continuité de son père et décida de conserver tous les serviteurs de son père comme Colbert. Vauban, ancien maître en art militaire du roi fut nommé maréchal. On disait de Louis XV qu’il était un prince sans vices mais aussi sans vertus, et de fait il n’était que le lieutenant fidèle de son père, éduqué et forgé pour obéir et rester dans l’ombre. Le roi est intelligent mais manque d’initiatives et de volonté de se mettre en avant. Ainsi, bien que monarque absolu il laissait la plupart du temps les ministres de son père décider, surtout Colbert et Louvois. En peu de temps Louis XV se désintéressa des affaires qu’il laissa aux mains de ces deux puissants serviteurs et se consacra aux fêtes de la nouvelle cour de Versailles, à peine finie.
1681 : Louis XV ordonne l’annexion pure et simple de la ville libre d’empire Strasbourg. Face au coup de force l’empire reste sans réaction mais n’oubliera pas l’offense. La même année le clergé français se réunit pour affirmer la supériorité du roi sur le pape provoquant la rupture des relations avec le Saint-Siège.
1682 : la cour de France séjourne de plus en plus à Versailles mais le ministre Colbert convainc le roi de ne pas y déplacer le gouvernement et les ministères comme le voulait Louis XIV, ces derniers restent à Paris, installés dans les bâtiments du Louvre et du Palais Royal. Ceci contraint Louis XV à séjourner une partie de l’année à Paris, conservant ainsi le contact avec son peuple. La même année Louis Cavelier de La Salle explore le Mississipi et atteint depuis le Canada le golfe du Mexique. Il prend possession de cette zone au nom de la France et la baptise Louisiane.
1683 : Décès du ministre Colbert, Louvois devient le principal ministre de Louis XV et imposera son influence au souverain, il se fera notamment attribuer le poste de premier ministre qui avait disparu sous Louis XIV.
1684 : Alors que l’empire et la plupart des nations catholiques luttent sous les murs de Vienne contre l’invasion ottomane Louvois persuade Louis XV d’annexer le Luxembourg. L’empire encore ne peut réagir contre la France mais cette dernière s’attire le mépris des autres puissances.
1685 : Louis XV promulgue le décret abolissant l’Edit de Nantes et la tolérance religieuse, permettant la persécution des protestants. Seul en France Vauban critique cette décision inspirée par Louvois et est exilé sur ses terres.
La persécution des protestants : Louvois se lance dans une politique religieuse de persécution des protestants, tentant de les forcer à se convertir. Après les dragonnades il obtient en 1685 la suppression de l’Edit de Nantes qui protégeait les protestants. Les hérétiques ont alors deux semaines pour se convertir et il leur est interdit de quitter le pays (mais dans les faits 300 000 d’entre eux s’échapperont). Dans cette optique il ordonne aussi en 1686 le massacre des Vaudois du Sud de la France, provoquant un véritable meurtre de masse. Cette politique se double d’une politique de souveraineté religieuse, avec l’aide de Bossuet il force le clergé de France à obéir au roi plutôt qu’au pape provoquant la colère d’Innocent XI. Cette politique provoque l’inquiétude du roi mais il continue à se fier à son ministre.
1686 : Face à la politique d’agression de la France les royaumes d’Europe s’allient, c’est la Ligue d’Augsbourg.
1687 : Sur instigation de Louvois un fanatique catholique assassine Mary II Stuart, héritière protestante du trône d’Angleterre, et sa fille Anne.
1688 : La guerre éclate en Europe, la France doit faire face à une Europe unie contre elle sous la direction des Habsbourg. L’Angleterre de Jacques II seule reste neutre.
La Glorious Restauration des Stuart : à la mort du roi d’Angleterre Charles II le duc d’York monte sur le trône en tant que Jacques II. Le nouveau souverain est catholique et veut mettre fin à l’indépendance religieuse de son pays. Tous savent alors qu’un conflit est inévitable entre le roi et le parlement. Les parlementaires espèrent alors que Mary II Stuart et son époux Guillaume d’Orange pourront renverser le roi catholique. Louvois ne peut permettre l’Angleterre de tomber dans les mains de Guillaume, le pire ennemi de la France. C’est ainsi qu’en été 1687 Mary II Stuart est assassinée par un fanatique armé par la France mettant fin aux espoirs de Guillaume d’Orange de monter sur le trône anglais. De plus Louvois finance et arme les catholiques anglais en présage à la future guerre civile. En 1688 la guerre entre l’Europe et la France éclate mettant la place de l’Angleterre au centre des inquiétudes. Les flottes françaises et hollandaises d’affrontent dans la Manche empêchant les Hollandais de débarquer en Angleterre. Dans le même temps Londres se révolte contre Jacques II, ce dernier mobilise son armée ainsi que des régiments de volontaires irlandais catholiques (ils deviendront des régiments royaux, les IRA’s, Irish Royal Army). La répression est terrible et le parlement est détruit alors que des rebelles y avaient trouvé refuge. Jacques II reçoit le soutien de régiments français et les parlementaires sont pourchassés et vaincus à Londres et dans tout le royaume. Cette guerre, appelée aussi Glorieuse Restauration, voit la suspension de l’Habeas Corpus. L’année suivante Jacques II instaure une monarchie absolue par le Bill of King James II qui réduit considérablement les pouvoirs du parlement qui revient dans les limites de l’époque de Jacques 1er. Le roi est désormais seul maître de l’armée et de la fiscalité, les droits personnels sont limités et le catholicisme est de nouveau autorisé et encouragé. C’est la fin du modèle parlementaire anglais, le philosophe John Locke est contraint à l’exil en Hollande. Des révoltes protestantes éclatent en Ecosse et en Angleterre mais sont réprimées dans le sang. L’Angleterre se range du côté de la France mais n’intervient militairement que sur les mers.
1689 : l’Angleterre de Jacques II s’allie avec la France et déclare la guerre aux alliés de la Ligue. John Locke trouve paradoxalement refuge en France sous la protection de Vauban. Les troupes françaises pénètrent en même dans le Palatinat impérial qui est mis à feu et à sang.
L’académie paysanne de Vauban : Durant ces années de disgrâce le maréchal de Vauban représente en France l’unique opposant à Louvois, jouissant toujours de l’amitié du roi, son ancien élève, et de la réputation d’honnêteté que lui avait fait Louis XIV. De plus la guerre contraignait Louvois à ménager l’un des meilleurs soldats du pays, on disait ainsi : Ville assiégée par Vauban, ville prise, ville défendue par Vauban, ville imprenable ». Le maréchal n’hésite pas à mettre en avant ses idées politiques et morales, c’est un humaniste dont l’art des forteresses est destiné avant tout à préserver la vie de ses soldats. C’est aussi un ami du peuple qui souhaite lutter contre la misère et il sera le seul à oser critiquer la persécution des protestants, ce qui lui vaut l’exil sur ses terres. Dans sa retraite campagnarde il accueille de nombreux penseurs amis chassés de Paris, ce groupe, appelé aussi l’académie paysanne, sera considérée comme les premiers exemples des esprits des Lumières. Le maréchal lui-même est un mathématicien et l’un des premiers statisticiens, il s’associe au philosophe protestant Pierre Bayle, connu pour ses idées de liberté de conscience. John Locke en exil les rejoint bientôt, il écrira avec Vauban ses traités du gouvernement, bases de la politique moderne et des futures démocraties. On rencontre aussi Antoine de Furetière, esprit encyclopédiste avant la lettre qui tente alors d’écrire illégalement, puisque en dehors de l’académie française, un dictionnaire universel. On y rencontre aussi la veuve Scarron (notre Maintenon) qui avec Fénelon travaille à créer une école pour les filles révolutionnaire où les dames apprendraient les langues, l’histoire, les mathématiques, les sciences à côté de la musique et des arts « féminins ». Ce groupe forme l’opposition intellectuelle à Louvois, ils publient et ont une grande audience parmi la jeunesse, le roi lui-même s’intéresse à leurs travaux.
1690 : Révolte du centre de la France, les paysans ruinés par l’hiver, et surtout par les taxes levées par Louvois pour financer la guerre et les fêtes du roi, se soulèvent et massacrent les percepteurs, ils sont vite arrêtés et punis pour cela.
En Angleterre c’est la région des Midland qui s’insurge contre le roi catholique Jacques II, ce sera la plus importante et l’une des dernières grandes révoltes pro parlementaire.
1691 : L’âme malfaisante de Louvois est finalement rappelée à Dieu, au grand soulagement de toute l’Europe ainsi que des Français eux-mêmes. Son gouvernement restera marqué par la dureté, on parlera de la Tyrannie de Louvois. À sa mort il était déjà en partie disgracié, le roi avait fini par prendre offense de ses initiatives et de son orgueil agressif. Il laisse un royaume aux caisses vides et encerclé par les ennemis. En mai Louis XV décide de rappeler le maréchal de Vauban du front des Flandres et le nomme ministre d’Etat et premier ministre.
L’ascension de Vauban : Vauban, malgré ses opinions, avait été appelé pour commander les armées en Flandres. À la mort de Louvois il prit l’initiative de quitter son poste pour rencontrer le roi aux alentours de Bruxelles. Le roi sans son ministre restait hésitant et prenait conscience de la difficulté de gouverner, Vauban lui présenta avec honnêteté et clarté la situation difficile du royaume que dissimulaient les courtisans. Vauban dénonça les erreurs de Louvois et déclara « Sa Majesté votre père se fiait à moi car il savait que je ne lui disais que la vérité, même déplaisante, je prie Votre Majesté de m’écouter à son tour comme son père lui avait conseillé. » Louis XV avait toujours gardé son amitié à son vieux maître es art militaire et son attitude humble le changeait de l’agressivité de Louvois, de plus le roi était fatigué des affaires. Finalement il chargea Vauban des affaires du royaume laissées par Vauban. Immédiatement le maréchal réoriente la politique de la France, il était connu et respecté en Europe et il profita aussi de l’élection du pape Innocent XII pour faire des propositions de négociations.
1691 : En premier lieu Vauban veut restaurer l’image de la France en Europe, il réconcilie donc Louis XV et Innocent XII, abandonnant les prétentions à l’indépendance du clergé français. Louis XV redevenu le roi Très Chrétien Vauban profite de la situation militaire qui voit les armées françaises encore prêtes au combat et négocie en position de force. Sur le plan intérieur les réformes se succèdent aussi, en premier lieu le maréchal fait participer le roi au gouvernement, reprenant son ancien rôle de professeur, obligeant Louis XV à s’intéresser aux affaires et non aux fêtes. Dans le même temps en Ecosse le roi Jacques II défait les derniers opposants protestants avec la prise du château d’Edinburgh. Les îles britanniques sont pacifiées même si persiste le brigandage protestant dans les provinces.
1692 : Louis XV donne son accord au projet de Vauban de fortifier la frontière Nord de la France, ce sera la « frontière d’acier ».
1693 : Paris est secouée par les protestations de la noblesse contre Vauban, le ministre a évoqué la possibilité d’imposer des taxes aux aristocrates. Le ministre est obligé de retirer ses paroles, mais à l’hostilité de la cour il peut toujours compter sur le soutien du roi, du clergé et du peuple, ravi de voir la noblesse un peu secouée. De plus Vauban prend des mesures draconiennes pour lutter contre le grain cher et impose une nouvelle politique d’efficacité.
1694 : La Savoie est vaincue par les armées françaises, le duc est contraint de rejoindre l’alliance avec la France. À cette condition Vauban restitue au duc sa Savoie et Nice.
À Paris Vauban inaugure l’Académie royale d’agriculture qui travaillera à optimiser les rendements et les techniques agricoles et à enseigner tout cela aux paysans. Il encourage la noblesse à s’intéresser à l’exploitation de leurs terres. Ainsi naît le modèle du « Gentilhomme fermier ». Une Académie royale militaire est aussi fondée dans le cadre d’une réforme de l’armée. Désormais les grades sont décernés à l’expérience et à l’ancienneté plutôt qu’à la noblesse, ce qui permet de faire émerger un groupe d’officiers compétents sortis du rang.
1695 : Alors que les Français assiègent Namur Louis XV ordonne pour faire diversion de bombarder Bruxelles. Vauban intervient contre ce qu’il considère comme un massacre inutile et persuade le roi de ne pas commettre une action aussi indigne. Louis XV se laisse convaincre et déclare vouloir faire preuve d’humanité et de modération.
En Angleterre les puritains protestants sont mis hors la loi. Il leur est désormais impossible d’émigrer en Amérique mais nombreux sont ceux qui partent clandestinement. Jacques II décide d’installer des Irlandais catholiques sur des terres confisquées à des protestants. Le clan irlandais prend un poids important au parlement en déclin et à la cour.
Dans toute l’Europe ce sont des années d’hivers très rudes, les famines se multiplient, la misère menace et provoque des révoltes. Vauban tente alors de convaincre le roi de mener une action décisive mais ce dernier hésite alors que la guerre semble plus importante.
1696 : L’affaire de Bruxelles fut un coup heureux qui montra aux alliés et aux ennemis combien le gouvernement de la France était devenu modéré et était prêt à une paix raisonnable. Les négociations de paix s’accélérèrent alors jusqu’à la signature du traité de Ryswick. La France obtient le maintien du statu quo, elle laisse en échange la liberté à plusieurs places annexées mais conserve Strasbourg et Luxembourg pour sa sécurité. La France n’a pas été vaincue mais elle a été contenue par les Européens qui se déclarent satisfaits, mais la paix reste précaire. La question de la succession au trône d’Espagne empoisonne encore les relations.
En Angleterre Jacques installe sa cour définitivement au palais de Windsor et y déménage aussi les ministères. Avec la paix de Ryswick son pays n’a quasiment rien gagné à part de avantages maritimes et son rival Guillaume d’Orange continue à revendiquer son trône.
La même année la veuve Scarron (notre Mme de Maintenon) et son ami Fénelon fondent l’école de Saint-Cyr destinée à éduquer les filles de la noblesse avec le soutien de Vauban. Cette école pour la première fois permet aux filles de s’instruire, mathématiques, géométrie, littérature, histoire, langues étrangères sont enseignés. Cela fait partir des efforts de Vauban pour éduquer la noblesse et la rendre compétente et non plus inutile. Dans la même perspective les lois empêchant le travail des nobles sont abolies, de nombreux nobles ruinés s’empressent d’investir et de travailler.
1697 : Avec la paix européenne Vauban peut désormais se consacrer à son grand programme de réformes. Pour cela il réussit de convaincre de réunir les Etats Généraux, ce qui n’avait plus été fait depuis 80 ans.
Les Etats Généraux de 1697 : Vauban profite de la réunion de la noblesse, du clergé et du Tiers Etat pour présenter et imposer son programme de réformes né de ses réflexions et de ses travaux avec ses amis penseurs. Il peut compter sur l’appui du clergé et notamment de Fénelon et parmi de la noblesse d’un groupe de soutien mené par le duc Philippe d’Orléans, son élève politique. Le maréchal bénéficie surtout du soutien inconditionnel du roi. Une révolution institutionnelle est en marche. Sur le plan fiscal il est décidé que les anciennes taxes sont supprimées au profit d’un impôt unique, la capitation, payée par tous, du paysan au prince et même par le clergé. Cela permet de récupérer une partie des richesses de la noblesse et de réduire la pression sur le peuple, le trésor en sort stabilisé. Cela permet en outre de faire retrouver au peuple l’amour pour son roi, Vauban lui-même devient un héros populaire. À cela s’ajoutent des mesures en faveur de l’industrie et du commerce, les patrons de compagnies maritimes seront ainsi anoblis (ces propositions faisaient partie des idées du vrai Vauban et furent la cause de sa disgrâce auprès de Louis XIV).
Vauban, inspiré par John Locke, ajoute à son projet de réformes institutionnelles. La capitation divise la société en 22 classes censitaires dominées par le seul roi. Elles serviront de bases à l’élection de représentants des ordres aux Etats Généraux qui devront désormais être élus tous les 10 ans à la demande du roi à Versailles. Les Etats Généraux seront divisés en deux chambres, une de la noblesse et du clergé et une pour le Tiers Etat, réservée aux propriétaires terriens. Les Etats Généraux voteront des lois sur l’économie et la société avec l’accord du roi, en matière de fiscalité et de guerre leur avis reste facultatif. C’est la naissance de la monarchie parlementaire française modelée par Vauban, qui reste toujours convaincu de l’autorité absolue du roi. Louis XV décide d’ailleurs de créer une charge de Chancelier qui dirigera le gouvernement et lui servira de bras droit, cette charge revient évidemment à Vauban.
1698 : Vauban et ses partisans créent ainsi un nouveau modèle de gouvernement qui sera exposé ensuite dans son testament politique : Les oisivetés de M. de Vauban, une œuvre couvrant les sujets politiques, philosophiques, économiques et agricoles souvent considéré comme le premier livre des Lumières.
En Angleterre le roi Jacques II observe stupéfait à la conversion de la France au parlementarisme alors qu’il a instauré l’absolutisme en Angleterre. Cela provoque un refroidissement des relations avec Louis XV et la fin de l’alliance, Londres retrouve son autonomie diplomatique.
1699 : Pierre le grand de Russie commence une série de réforme visant à moderniser et européaniser son pays pour en faire une grande puissance, les vêtements traditionnels russes et autres traditions sont bannis. Dans le même temps est signée la paix de Karlowitz par laquelle l’empereur d’Autriche Léopold fait la paix avec les Ottomans consacrant la libération de vastes territoires en Hongrie et en Transylvanie. Venise annexe par la même occasion la Dalmatie et la Morée. En France Vauban inaugure avec le roi le fort de Neuf-Brisach, chef d’œuvre de son art militaire et point d’orgue du système de défense, une série de forts surveillant de manière efficace et rationnelle la frontière nord du royaume.
1700 : Décès de Charles II d’Espagne, il était le dernier roi de sa dynastie et désigne pour lui succéder Philippe d’Anjou, deuxième fils de Louis XV. En Russie Pierre le grand déclenche la guerre avec ses alliés danois et polonais contre son ennemi, Charles XII de Suède. Il est rapidement vaincu par les Suédois à la bataille de Narva. Charles XII s’empare de Varsovie et impose sur le trône Stanislas Leszczynski. Pierre de Russie est contraint à une paix humiliante consacrant l’hégémonie suédoise sur la Baltique.
La guerre de succession d’Espagne : Vauban comme le reste de l’Europe comprend que personne n’acceptera de voir l’empire espagnol tomber entre les mains d’un roi Bourbon ou d’un Habsbourg, seuls Charles II d’Espagne et l’empereur Léopold espèrent maintenir l’unité espagnole. En 1698 les pays européens se mettent d’accord sur un compromis : le prince de Bavière héritera de la plus grande partie de l’héritage, de son côté Louis XV recevra Naples et la Sicile et l’archiduc Charles, fils de l’empereur, prendra le Milanais. Léopold et Charles II rejettent ce compromis qui est vite oublié après la mort du prince de Bavière. La France continue à montrer sa bonne volonté par un deuxième compromis, l’archiduc Charles pourra devenir roi d’Espagne s’il promet de ne jamais devenir empereur d’Autriche et qu’il cède à la France la Lorraine, Nice et la Savoie. L’empereur Léopold refuse mais la Hollande, l’Angleterre et la plus grande partie de l’Europe soutient la France. De son côté Charles II surprend tout le monde en choisissant Philippe d’Anjou comme héritier de toutes ses terres, ce que le reste de l’Europe refuse. Le premier novembre 1700 le roi d’Espagne meurt et ses sujets appellent Philippe sur le trône. À Paris la crise est grave, si Louis XV laisse partir son fils en Espagne il devra faire la guerre à toute l’Europe, s’il refuse il y aura aussi la guerre mais elle se fera contre l’Autriche ave l’aide des autres pays européens. Le 10 novembre sortant d’un conseil avec Vauban le roi déclare à son fils : « Monsieur mon fils, Dieu vous a fait naître en second, il ne m’appartient pas de vous faire roi. ». L’archiduc autrichien est reconnu comme roi Charles III d’Espagne si les conditions du compromis sont respectées. L’empereur Léopold refuse et réclame tout l’héritage, il déclare la guerre à la France, la Hollande et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Autriche. De son côté Philippe d’Anjou s’enfuit de France et passe en Espagne, il entre à Madrid où il est reconnu comme roi Philippe V. Son père est contraint de le condamner et de l’exclure de la succession en France pour garder le soutien des Européens. La lutte entre Philippe V et Charles III provoque la guerre civile en Espagne.
1701 : Philippe d’Anjou s’enfuit de France et se proclame roi en Espagne, les Espagnols l’acceptent mais il est condamné par le reste de l’Europe et doit faire face à la révolte de l’armée en faveur de son rival autrichien. Dans le même temps Vauban fait occuper les territoires prévus par le compromis espagnol avec le soutien des troupes hollandaises et anglaises. En Angleterre meurt Jacques II, son fils monte sur e trône. Jacques III est reconnu roi par tous excepté quelques rebelles des provinces. Jacques III confirme son appui à la France et envoie son général Marlborough sur le continent. En Prusse le prince de Brandebourg, Frédéric-Guillaume III prend le titre de Frédéric 1er, roi de Prusse. En Amérique, en Nouvelle-France le gouverneur Callières, successeur de Frontenac signe avec les Iroquois la Grande Paix Indienne qui ouvre de nombreux territoires à la colonisation protestante et au commerce.
1702 : Mort de Guillaume d’Orange, il disparaît sans avoir réussi à conquérir la couronne anglaise. Les Provinces-Unies de Heinsius rétablissent leurs relations avec l’Angleterre et reconnaissent Jacques III comme souverain légitime. En France les protestants camisards se révoltent contre Louis XV. Le premier journal régulier est publié à Paris, c’est la Gazette de France. La même année Vauban met en application sa réforme de l’armée et modernise l’armement en introduisant l’usage du fusil et de la baïonnette.
Signature de l’alliance de La Haye, la France, les Provinces-Unies, le Danemark, la Prusse, la Bavière et d’autres Etats allemands se coalisent contre l’empereur Léopold 1er pour faire respecter la division de l’héritage espagnol. Philippe V est officiellement condamné et les alliés restent neutres sur les luttes civiles en Espagne.
1703 : le duc de Savoie trahit l’alliance et rejoint le camp de l’Empire, ouvrant ses terres aux troupes du prince Eugène qui avait pris le contrôle du Milanais. En Russie débute la construction de Saint Petersburg sur ordre du tsar Pierre 1er.
1704 : les forces combinées des ducs de Villars et de Marlborough défont les troupes du prince Eugène à Blenheim. La même année la flotte anglaise attaque et occupe Gibraltar, ils ne lâcheront jamais le rocher. La même année le philosophe John Locke s’éteint, il était ami de Vauban et à l’origine des réformes politiques du Maréchal. De son côté Isaac Newton publie ses travaux sur l’optique.
1705 : Décès de l’empereur Léopold 1er, Joseph 1er monte sur le trône et doit poursuivre la guerre. En Espagne la Catalogne se révolte contre Philippe d’Anjou et ouvre ses ports aux troupes impériales de l’archiduc Charles qui se proclame roi.
La politique religieuse de Vauban et ses conséquences: face aux violences dans le Sud du pays et pour empêcher l’ouverture d’un front intérieur Vauban, avec l’accord du roi, offre le pardon aux rebelles s’ils déposent les armes. Conscient de la rupture entre catholiques et protestants et voulant empêcher tout retour des violences il propose une solution originale. Il propose aux communautés protestantes d’émigrer dans les colonies américaines de Nouvelle-France et de Louisiane, le passage sera offert par le roi et ils obtiendront gratuitement des terres à défricher où ils bénéficieront d’une totale liberté de culte. Cette offre est aussi faite aux protestants émigrés dans les pays européens. Il souhaite ainsi récupérer les biens et la force industrieuses de ces bons travailleurs ainsi que développer les colonies qui dans les années suivantes verront arriver près de 500 000 protestants, convaincus de trouver la paix et la sécurité religieuse. Peu de temps après est fondée la ville de Vauban (Chicago dans notre histoire), place fortifiée selon les principes du Maréchal.
1706 : Les troupes impériales de l’archiduc Charles conquièrent Madrid, Philippe V est contraint à la fuite. Au même moment le maréchal de Vauban s’éteint après une longue maladie. Il disparaît pleuré par toute la France ainsi que par Louis XV lui-même. L’imposant héritage politique laissé par Vauban est préservé par le roi malgré les souhaits de la noblesse conservatrice. Louis XV procède à de nouvelles élections et un nouveau chancelier est choisi, Colbert de Torcy, partisan du maréchal et ami de Philippe d’Orléans. D’un autre côté Louis XV souhaite poursuivre la guerre laissée entre les mains de Villars et Vendôme.
Vauban laisse derrière lui une œuvre monumentale, le parlementarisme français, qui a révolutionné la France, le développement économique du pays, le début d’une réelle colonisation française en Amérique et la place sûre de la France en Europe. Il représente l’ancêtre des philosophes des Lumières.
1707 : L’archiduc Charles est chassé de Madrid par une révolte populaire et doit se retirer en Catalogne, Philippe V retourne dans sa capitale. En Italie les Impériaux prennent Naples tandis qu’ils sont chassés des Provinces-Unies grâce aux efforts de Villars et Marlborough. Pendant ce temps les diplomates français tentent de convaincre Charles XII de Suède d’entrer en guerre à leur côté et il faudra la visite de Marlborough lui-même pour le convaincre. Charles XII rejoint la coalition et déclare la guerre à Joseph 1er, il débarque ses troupes en Allemagne.
En France selon les prescriptions de Vauban Louis XV dissout les Etats Généraux et appelle aux élections des deux chambres (Chambre de la Noblesse et Chambre des Etats). Ces élections basées sur le cens se déroulent sans problèmes.
La même année le roi Stuart Jacques III proclame l’Union des couronnes anglaise et écossaise donnant naissance au Royaume-Uni de Grande Bretagne. Pendant la même année la Hongrie profite des difficultés impériales pour se proclamer indépendante des Habsbourg.
1708 : Le prince Eugène tente une dernière fois d’envahir les Provinces-Unies mais il est de nouveau arrêté par les troupes de Marlborough. Une série d’autres défaites convainquent Joseph 1er de commencer à négocier la paix, tant que le prince Eugène parvient à contenir les armées alliées.
1709 : « Grand Hiver », un hiver terrible sévit dans toute l’Europe. Les températures descendent jusqu’à moins 29° et les morts se comptent par milliers. Le roi Louis XV débloque alors du grain et du bois gratuit pour le peuple qui était gardé en réserve dans des greniers royaux instaurés par Vauban.
La paix d’Utrecht : Selon les accords signés entre l’empire et les alliés, Joseph 1er reconnaît le compromis de 1698. La Lorraine, Nice et la Savoie sont abandonnées à la France, les Pays-Bas autrichiens sont divisés entre la France et les Provinces-Unies. Jacques III conserve Gibraltar et est reconnu par toute l’Europe comme souverain légitime. Charles XII, entré tardivement dans le conflit, obtient diverses places fortes sur la Baltique. Les alliés reconnaissent l’archiduc Charles comme Charles III d’Espagne avec ses colonies américaines et l’Italie, même si le pays lui-même refuse de le recevoir. Cette paix est un équilibre acceptable par tous.
1709 : Charles XII de Suède, débarrassé du conflit en Allemagne, se retourne contre la Russie et déclare la guerre au tsar Pierre. L’armée suédoise s’enfonce jusqu’en Ukraine et défait les Russes à Poltava. Pierre 1er est contraint de nouveau à une paix humiliante, il perd définitivement les pays baltes, Ingrie et même le joyau de la couronne de Pierre 1er, sa belle capitale, Saint Petersburg et est alors rebaptisée Saint Karlsbourg. La Suède impose son hégémonie à toute l’Europe du Nord.
1710 : en Espagne Philippe V poursuit la lutte et remporte conte toutes attentes la victoire à Villaviciosa contre les troupes de Charles III. Ce dernier doit encore se retirer sur Barcelone en sûreté car Philippe V n’a pas les moyens de le poursuivre, la situation en Espagne est bloquée.
1711 : Décès de l’empereur Joseph 1er, Charles III, son frère, devient l’empereur Charles VI et menace de réunir l’Espagne et l’Autriche en une grande superpuissance. Devant cette menace la France, les Provinces-Unies et l’Angleterre se tiennent prêts à la guerre et soutiennent officiellement Philippe V. L’empire n’est pas en mesure de résister à une nouvelle guerre contre le reste de l’Europe et Charles VI accepte le compromis. Philippe V est reconnu roi d’Espagne et de ses colonies américaines tandis que Charles VI reçoit le Milanais, le royaume de Naples et la Sicile. Dans le même temps la Hongrie est ramenée à l’obéissance des Habsbourg.
14 avril 1711 : le roi de France Louis XV décède à St Germain en Laye.
La crise de succession française, l’année des trois rois : Louis XV meurt en 1711, il avait passé les cinq dernières années de sa vie à consolider l’œuvre de son ministre préféré, conscient d’avoir, grâce à lui, laissé sa marque et un souvenir impérissable de son règne, surpassant en réputation celui de son père. De fait il sera appelé Louis le Bienveillant. Durant son agonie il donnera ses derniers conseils à son fils : « Vous serez vous aussi un grand roi si vous apprenez à laisser derrière vous l’orgueil de votre ancêtre, écoutez vos ministres et surtout, écoutez le peuple. » Cependant le jeune Louis XVI n’en a aucunement l’intention. Ce dernier à 29 ans, orgueilleux et ennemi des réformes, immédiatement il demande à Torcy d’abandonner le gouvernement et annonce qu’il ne consultera plus l’avis des Etats Généraux, même s’il ne les fait pas dissoudre. Philippe d’Orléans, chef de file des « vaubanistes » proteste et rassemble autour de lui les partisans des réformes, faisant naître le premier embryon de parti politique, face à ce qui est un retour avoué à la monarchie absolue.
Louis XVI ne règnera qu’une seule année, mais durant ce temps son attitude intransigeante provoque la division du pays et le mène au bord de la guerre civile, le peuple restant attaché aux réformes de Vauban, sans compter l’augmentation des taxes. De plus une grande partie de l’administration et de l’armée doit sa position aux réformes du Maréchal, créant une opposition discrète au souverain. Face à ces mauvaises volontés la noblesse conservatrice mène une politique de retour à l’ordre et de terreur. Pour plus de sureté Louis XVI transfère la cour à Versailles, jugeant Paris acquise à Philippe d’Orléans, acclamé par le peuple. Louis XVI met à la tête du gouvernement le vieux Saint-Simon et propose la décentralisation du royaume (dans les faits un véritable retour à la féodalité). La situation est explosive au début de 1712, le roi est sur le point de mettre le feu aux poudres en ordonnant l’arrestation de Philippe d’Orléans, mais il tombe subitement malade et après une rapide agonie, il décède le 12 février 1712.
L’évènement est un désastre pour les conservateurs mais ils ont entre leurs mains le fils du roi, le jeune Louis XVII, âgé d’à peine 5 ans, ils instaurent un conseil de régence et demandent l’arrestation d’Orléans, accusé d’avoir empoisonné le roi. Mais un second coup du sort les frappent, le petit roi décède à son tour de la même maladie que son père et un mois après lui le 8 mars 1712. Philippe d’Orléans profite du répit pour jouer le coup de force, il accuse le conseil de régence d’avoir fait mourir l’enfant-roi et se fait attribuer par les Etats Généraux la charge de régent du second fils de Louis XVI, un bébé de 2 ans qui devient Louis XVIII (l’enfant sera pris de force alors qu’il était caché au château de Marly par les conservateurs). Les membres du conseil sont vite abandonnés par tous leurs soutiens et sont finalement arrêtés, décapitant le mouvement conservateur pour de longues années.
En avril 1712 le duc d’Orléans dissout les Etats Généraux et convoque de nouvelles élections qui offrent une écrasante majorité aux libéraux, lui permettant de gouverner tranquillement, soutenu par la faveur populaire. Il en profite pour abolir une série de privilèges de la noblesse, notamment les gouvernements de provinces qui sont alors confiées à des préfets nommé par Paris. Les compétences des Etats Généraux sont étendues, notamment en matière fiscale et en matière de recommandation dans le choix des officiers et du chancelier, ils ne pourront plus être mis à l’écart comme l’avait fait Louis XVI. Le régime parlementaire français est désormais solidement implanté. Louis XVIII est installé dans un palais du Louvre rénové et étendu tandis que le gouvernement siège au palais royal. Les idées de Vauban triomphent et Orléans est devenu le roi sans couronne de la France.
12 février 1712 : décès de Louis XVI de France, son fils, Louis XVII, âgé d’à peine 5 ans s’éteint à son tour un mois après. Cela provoque la prise du pouvoir de Philippe d’Orléans au nom de Louis XVIII, 2 ans.
1713 : l’empereur Charles VI promulgue la Pragmatique Sanction qui réunit en une unique couronne toutes les possessions Habsbourg, y compris ses terres italiennes.
1716 : à Paris est fondée la banque générale de Law sous protection du régent, développement financier en France.
1717 : France, Provinces-Unies et Grande Bretagne renouvelle leur alliance mais cette fois contre l’Espagne où le roi Philippe V ambitionne de conquérir le trône de son neveu en France. Il organise plusieurs tentatives d’assassinat contre Louis XVIII et le régent. La même année Philippe V déclare la guerre à son vieil ennemi Charles VI dans le but de reconquérir ses possessions italiennes mais une expédition contre la Sardaigne échoue misérablement. En Grande Bretagne les derniers opposants protestants se soumettent au roi Stuart en échange d’une tolérance accrue et du droit de pouvoir émigrer dans les colonies américaines.
1718 : L’empire de Charles VI cède la Sardaigne au royaume de Piémont. La même année Charles XII de Suède reprend la voie de la guerre en envahissant la Norvège, il s’assure du contrôle du pays après la prise de Fredriksten. La Suède devient alors la puissance hégémonique contrôlant l’ensemble de la mer Baltique.
En France éclate le scandale de la conjuration de Cellamare, Philippe V aidé de son ministre Alberoni tentait de faire éclate un coup d’Etat et de prendre le pouvoir en France. La même année les colons français fondent la Nouvelle Orléans, qui devient vite la principale ville de Louisiane. 10 ans après la décision de Vauban d’envoyer les protestants en Amérique ceux-ci se sont massivement installés et ont fait décoller le développement des colonies et le peuplement des zones sauvages. Désormais la population des colonies françaises rejoint celui des colonies britanniques de la côte.
1719 : Philippe V déclare la guerre à la France.
La fin du règne de Charles XII : le roi suédois poursuivait ses ambitions et avait attaqué en 1719 la Prusse et, une nouvelle fois, la Russie, mais au cours d’une simple chasse survient un accident qui lui coûte la vie. La mort brutale et inattendue du roi provoque la panique dans les rangs de l’armée suédoise ainsi que l’offensive de ses ennemis. La couronne passe entre les mains de la sœur de Charles XII, Ulrique Eléonore, qui entreprend immédiatement des négociations. La reine donne bientôt tout pouvoir à son mari Frédéric 1er qui concède alors au parlement une constitution créant ici aussi une véritable monarchie parlementaire. L’année suivante la Suède signe la paix de Nystad avec une armée réorganisée et prête au combat, Prusse et Russie trouvent plus prudent d’accepter le compromis. La Norvège retrouve son indépendance, la Poméranie est donnée à la Prusse, la Carélie et la Livonie retournent à la Russie mais les Suédois conservent le port de guerre de Saint Karlsbourg. La Suède n’a pas été vaincue militairement et sort paradoxalement renforcée du conflit, un partie des conquêtes a été perdue mais le reste lui appartient définitivement, la paix a été faite et le pays sort de son isolement diplomatique. Frédéric 1er a suivi la stratégie de compromis de Vauban et conserve pour son pays le statut de grande puissance.
1720 : Peste de Marseille, dernière peste d’Europe.
1721 : Philippe V est contraint de faire la paix face aux armées alliées et de signer une alliance avec la France.
1722 : Fin de la régence de Philippe d’Orléans, Louis XVIII, majeur, se fait sacrer roi. De nouvelles élections aux Etats Généraux donnent la majorité aux libéraux malgré un net retour des conservateurs.
1723 : Décès de Philippe d’Orléans qui continuait de diriger le parti libéral. Peu de temps après le duc de Bourgogne, clairement conservateur, est nommé chancelier du royaume. Le retour au pouvoir des conservateurs marquent cependant leur adhésion au système parlementaire.
1724 : Philippe V d’Espagne abdique et abandonne son trône à son fils Louis 1er mais ce dernier meurt dans l’année obligeant son père à revenir au pouvoir. Dans les colonies françaises d’Amérique les persécutions contre les protestants sont officiellement interdites. L’Eglise protestante d’Amérique s’organise autour de son principal centre à Montréal, la majorité de la population des colonies est protestante, exception faite de la majorité catholique de Québec.
1725 : Mort du tsar Pierre 1er, artisan de la modernisation et de l’européanisation de son pays. Il meurt avec le regret de n’avoir jamais pu reconquérir Saint Petersburg, son rêve de pierre. La même année l’Espagne et l’empire signe un traité de paix historique scellant leur réconciliation.
1726 : Chute du gouvernement conservateur du duc de Bourgogne sur pression des Etats Généraux qui contestent sa politique autoritaire et inefficace. Sur suggestion des Etats Généraux le roi appelle pour le remplacer un conservateur modéré, le cardinal de Fleury. Pour la première fois le choix du chancelier se fait sur proposition de l’assemblée, cela deviendra une loi.
1727 : Philippe V d’Espagne, toujours aussi perturbateur, déclare la guerre à la Grande Bretagne et la perd rapidement. La même année s’éteint Isaac Newton.
1728 : Fondation de la ville de la Nouvelle Rochelle près des grands lacs dans les colonies françaises d’Amérique.
1729 : Fondation de la colonie britannique de Caroline (en hommage au roi Charles II). En Louisiane la révolte des indiens Natchez est réprimée dans le sang par des milices protestantes françaises.
1730 : en Grande Bretagne Jacques III laisse le gouvernement entre les mains de son favori, sir Robert Walpole, contre l’avis du parlement. Le roi, furieux, retire au parlement le droit d’être consulté sur la nomination d’un premier ministre.
1731 : Le cardinal de Fleury s’oppose aux nouvelles idées philosophiques nées des réformes de Vauban. Il essaye d’imposer une censure plus forte, notamment contre l’Encyclopédie, mais ses décisions provoquent de fortes critiques aux Etats Généraux et dans le pays, l’obligeant à faire marche arrière, laissant libre cours aux activités philosophiques. La même année Voltaire commence à faire parler de lui avec son ouvrage sur Charles XII de Suède, vantant la monarchie parlementaire contre les tyrannies, notamment la monarchie absolue anglaise, il sera toute sa vie un anglophobe convaincu.
1732 : Frédéric Guillaume 1er de Prusse, le roi-sergent, réorganise l’armée prussienne sur des principes nouveaux, l’armée prussienne devient vite un modèle d’armée moderne. La même année les colons anglais fondent la colonie de Jacobie (notre Géorgie), plus au Nord dans la colonie de Virginie, est publié le journal du Poor Richard, écrit par un certain Richard Saunders, nom d’emprunt de Benjamin Franklin.
1733 : Début de l’affaire de Pologne, la France proteste lorsque son candidat au trône polonais, Stanislas Leszczynski, est écarté du trône par la Russie et l’Autriche au profit de l’électeur de Saxe, qui devient le roi Auguste III. La France leur déclare la guerre, début de la guerre de succession polonaise. La même année l’Espagne colonise les Philippines.
1734 : La Russie et la Saxe s’allient à l’Autriche face à l’ennemi français. Les Français attaquent en Italie et défont les Autrichiens à Parme, conquérant ainsi le Milanais. L’Espagne en profite pour s’allier à la France et reprendre le contrôle de Naples et de la Sicile. Le cardinal de Fleury profite de ces premier succès pour négocier rapidement avec l’empereur Charles VI.
1735 : Les négociations secrètes de paix abordent le sujet épineux du duché de Lorraine que Charles VI souhaite réserver au mari de sa fille, Marie-Thérèse.
1736 : Mort du prince Eugène de Savoie, meilleur général des armées autrichiennes alors que dans les Balkans la guerre contre les Turcs reprend.
1737 : Dans les colonies françaises d’Amérique se développent les premières activités industrielles, les colonies connaissent un vrai décollage économique et commencent à exporter des produits manufacturés vers la France.
1738 : Traité de Vienne, fin de la guerre polonaise. La France reconnaît Auguste III comme roi de Pologne mais en échange Stanislas Lecszynski reçoit le duché de Toscane après la mort du dernier des Médicis. L’Autriche annexe le duché de Parme. Naples et la Sicile ne seront pas réunies à l’Espagne mais sa couronne ira à l’un des fils de Philippe V, Don Carlos.
1739 : les Autrichiens sont chassés de Belgrade, reconquise par les Turcs. La même année le cardinal de Fleury réorganise les colonies en deux Lieutenances générales, le Québec et la Louisiane. Toutes deux sont gouvernées par des lieutenants nommés par le roi et installés à Québec et la Nouvelle Orléans. Le cardinal en profite pour créer officiellement la colonie du Mississipi intégrée à la Lieutenance de Louisiane. Sa capitale est fixée à Saint Louis.
1740 : Décès de l’empereur Charles VI. Il n’a pas de fils mais seulement une fille, Marie-Thérèse, elle prétend monter sur le trône mais a de nombreux ennemis. La même année commence le règne de Frédéric II de Prusse. Il profite de la faiblesse passagère des Autrichiens pour envahir la Silésie. C’est le début de la guerre de succession d’Autriche.
La guerre de succession d’Autriche : Les possessions des Habsbourg devraient aller normalement à son héritière, Marie-Thérèse, mais le pouvoir d’une femme est mal accepté, notamment par Charles-Albert de Bavière qui voudrait devenir empereur lui-même. Marie-Thérèse refuse finalement le trône mais seulement pour l’offrir à son mari qui devient François 1er, même si c’est elle qui gouverne réellement. Elle doit affronter en premier lieu le jeune roi Frédéric II de Prusse qui veut utiliser sa superbe armée pour unifier les territoires prussiens et acquérir la riche Silésie. Dans le même temps le roi de Bavière se fait couronner empereur à Francfort sous le nom de Charles VII. La France est pour le moment restée en dehors de ce conflit mais elle est alliée à la Bavière et cette dernière demande son intervention. Le cardinal de Fleury répugne cependant à une nouvelle guerre et décide de rester neutre, imité par la Grande Bretagne et la Hollande, cette guerre restera donc locale. L’Autriche de Marie-Thérèse n’est pas en mesure de résister à la machine de guerre prussienne, la Silésie est perdue et Frédéric II obtient la paix de Breslau tout en refusant toujours reconnaître François 1er empereur. Frédéric II n’en a pas fini avec l’Autriche, il reprend la guerre en 1744 et remporte une nouvelle victoire, l’Autriche perd toute la Silésie mais au moins la Prusse reconnaît désormais la légitimité de Marie-Thérèse. La guerre marque l’entrée de la Prusse parmi les grandes puissances et la faiblesse de l’Autriche pousse Marie-Thérèse à rechercher l’alliance avec la France en vue d’une revanche.
1740 : mort de Jean Cavalier, ancien chef des protestants camisards et devenu ensuite gouverneur de la Nouvelle Rochelle.
1741 : la Suède déclare la guerre à la Russie de Ivan VI, ce dernier est déposé peu de temps après par son épouse, la tsarine Elisabeth Petrovna.
1743 : Décès du cardinal de Fleury. Sa mort marque la fin de la politique pacifique et favorable à la Grande Bretagne. Bien que conservateur sa modération a permis de renforcer dans la durée les Etats Généraux qui ne sont plus contestés désormais. Il a cependant réussi à conserver ses pouvoirs exécutifs au roi. Après sa mort des conservateurs plus radicaux sont nommés au gouvernement, poussant le pays vers une politique plus agressive.
1744 : Jeanne Poisson conquiert le cœur du roi Louis XVIII, la jeune femme est bientôt faite marquise de Pompadour et devient la favorite du roi. La dame est cependant aussi intelligente, elle appuie les idées des libéraux et soutient les philosophes. Elle aura assez de pouvoir pour provoquer la chute du chancelier Orry au profit du libéral Machaut d’Amouville. Malgré tout Louis XVIII commence à reprendre de plus en plus de traits de caractère de son ancêtre Louis XIV, notamment le goût du luxe et des plaisirs.
1745 : Charles-Edouard Stuart, appelé aussi Bonnie Prince Charlie, prince de Galles et héritier du trône britannique est envoyé contre les rebelles nationalistes écossais et les défait à la bataille de Culloden.
1746 : Décès du roi Philippe V d’Espagne, oncle du roi de France, son fils, Ferdinand VI, lui succède. La même année les colons anglais fondent la première université américaine à Princeton. Les colons français réagissent par fierté et lui oppose la nouvelle université de Vauban.
1747 : la Suède prend le contrôle de colonies sur la côte Ouest de l’Afrique et prend, peu de temps après, le contrôle de l’île indonésienne d’Aceh.
1748 : Traité d’Aix-la-Chapelle, l’impératrice Marie-Thérèse est désormais reconnue souveraine légitime d’Autriche, fin de la guerre de succession. La même année le baron de Montesquieu publie son « Esprit des lois » où il définit la forme d’un Etats moderne par la séparation des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires.
1749 : Le naturaliste Buffon publie sa monumentale histoire naturelle, il commence peu après un voyage de trois ans au travers les colonies françaises pour augmenter son œuvre d’un volume américain.
1750 : Le groupe des encyclopédistes reçoit officiellement le soutien du gouvernement libéral et des aides financières. Diderot et d’Alembert publieront leur premier volume l’année suivante. L’Encyclopédie se veut une somme raisonnée de tous les savoirs et est l’héritière directe de Furetière et Vauban. La même année, Français et Anglais se divisent pacifiquement l’Acadie.
1752 : Le parti conservateur organise un vaste scandale contre la publication de l’Encyclopédie et porte l’affaire devant les tribunaux, mais le gouvernement et le roi lui-même renouvellent leur appui à ses auteurs.
1753 : Scandale des billets de confession entre les Etats Généraux et le roi. L’assemblée doit céder devant Louis XVIII qui, de plus en plus, prend des airs de despote éclairé, favorable aux nouvelles idées mais toujours plus autoritaire. La même année Von Kaunitz, premier ministre de Marie-Thérèse d’Autriche parvient à conclure l’alliance avec la France, son projet va de paire avec une évolution parlementaire du régime impérial. En Amérique les colons anglais et français rivalisent depuis des années pour coloniser l’Ohio. La situation dégénère bientôt et des milices des camps se combattent autour de Fort Duquesne, provoquant la guerre de Sept Ans.
La guerre de Sept Ans : La guerre a été surtout provoquée par les rivalités entre colons français et anglais. Cette rivalité était cause de violences locales depuis des années, depuis 1754 les deux nations se disputent le contrôle de la vallée de l’Ohio. Les milices françaises protestantes obligèrent alors les colons, commandés par le lieutenant Washington, à se retirer et construisirent le Fort Duquesne. Cette action fut conduite sans déclaration de guerre et sans accord de Paris et provoqua l’armement des colons anglais réunis en congrès à Albany. Les colons français, en majorité protestants, se réunissent à leur tour en Etats Coloniaux sous la direction du Lieutenant du Roi à Québec, ils y décident de renforcer leurs milices ainsi que de s’allier aux Iroquois.
En Europe la guerre débute en 1756 quand Frédéric II de Prusse envahit la Saxe et l’occupe. Pour réagir à cette agression les Autrichiens, les Russes et les Français déclarent la guerre à la Prusse. Cette guerre s’est combattu sur trois fronts, l’Amérique, l’Allemagne et l’Inde.
En Allemagne, Frédéric II envahit en 1757 la Bohême mais fut repoussée devant Prague. De leur côté des Français se concentraient sur les fronts coloniaux et envoyèrent peu de renforts à leurs alliés autrichiens. Marie-Thérèse organisa une grande offensive coordonnée par les Suédois et les Russes en 1758, la Prusse est vaincue et envahie, bientôt l’armée de Frédéric II s’écroule. La Prusse résiste seulement grâce à l’aide de la Grande Bretagne, qui envoya des volontaires irlandais commandés par l’aventurier Barry Lyndon. Frédéric II ne fut sauvé que par la mort de la tsarine Elizabeth et par l’arrivée sur le trône russe du tsar Pierre III, ami de la Prusse. Ce miracle sauva la Prusse du désastre total.
Sur le front américain le conflit entre la France et la Grande Bretagne se concentre. Les Anglais possèdent le contrôle des mers mais ne parviennent pas aux renforts français d’atteindre leurs colonies. La flotte anglaise parvient cependant à conquérir les Antilles françaises. Sur terre les milices protestantes commandées par Louis Mandrin résistent farouchement contre l’armée britannique ? en 1756, les Anglais sont repoussés devant Louisbourg, fort de l’île Royale et qui contrôle les communications maritimes avec la France. En 1758 l’armée du lieutenant du roi au Canada repousse les Britanniques à la bataille de Ticonderoga même si l’Ohio est perdu avec la chute de Fort Duquesne. Les miliciens protestants décident alors d’entamer une guérilla avec l’aide des Iroquois, attaquant par surprise l’armée ennemie. Les Britanniques tentent de conclure la guerre en attaquant directement Québec. En 1759, la bataille des plaines d’Abraham voit la victoire des Français et la mort du général anglais Wolfe. Cette défaite permet au Lieutenant du Roi Montcalm d’attaquer les colonies anglaises, l’Ohio est repris, en 1760 le Maine est occupé et Albany est conquis. L’armée anglaise en déroute, seules les milices coloniales dirigées par Washington réussissent à stopper l’avancée française.
Sur le front indien, la guerre se montre moins active mais les enjeux sont importants. Les Français s’allient avec le Maharadjah Nawab Siraj-ud-Daula contre les Britanniques mais sont vaincus en 1757 à Plassey. Heureusement la situation est rétablie lors de a bataille de Fort Wandiwash en 1760. Britanniques et Français sont seulement peu nombreux et une victoire totale est impossible, les Britanniques se retranchent autour de Madras.
En 1762 commencent les négociations de paix, les différents pays combattants sont au bout de leurs ressources. Le traité de Paris restaure la paix. La Prusse de Frédéric II, déjà bien heureux de survivre, conserve la Silésie mais doit évacuer la Saxe. La Grande Bretagne doit renoncer à la côté de la Baie d’Hudson et à la vallée de l’Ohio, il renonce également à envoyer des colons vers l’Ouest. En échange elle récupère le Vermont, le New Hampshire et le Maine, elle obtient aussi les Antilles françaises, exception faite de la Martinique. La Floride est restituée à l’Espagne. Les Britannique perdent aussi leurs possessions en Inde sauf Madras, le reste est cédé à la France. Cependant la Grande Bretagne gagne en échange le Sénégal, exception faite de l’île de Gorée. La Grande Bretagne sort de cette guerre diminuée et ruinée mais sa puissance navale reste intacte, elle domine les mers. La France et l’Autriche dominent de fait l’Europe, créant une ère d’équilibre pacifique.
1755 : la marine britannique humilie la marine française, elle s’empare de 300 navires de ravitaillement intacts destinés à Québec. Les colonies françaises subissent le blocus.
1756 : Devant le manque de produits manufacturés provenant de France le Lieutenant du Roi à Québec ordonne la création de manufactures locales, notamment pour la fabrication d’armes. Elles bénéficient de larges privilèges et aides. Elle fait appel notamment au savoir faire des artisans huguenots. En quelques années les colonies parviennent à fabriquer elles-mêmes leurs armes et outils, créant un embryon d’industrie. La même année le roi britannique Jacques III nomme William Pitt premier ministre.
1757 : Attentat de Damien, Louis XVIII est légèrement blessé par un jeune homme armé d’un couteau, Damien. Ce dernier est visiblement fou et le roi, sur demande écrite de Voltaire, pardonne au pauvre dément.
1759 : Décès du roi Ferdinand VI d’Espagne, son fils Charles III lui succède.
1760 : Devant le danger de débarquement britannique à la Nouvelle-Orléans le Lieutenant du Roi en Louisiane déplace sa capitale jusqu’à Saint-Louis, plus au Nord.
1761 : Le libéral Choiseul remporte les élections législatives en France et devient chancelier. Décidé à faire la paix il entame des négociations avec Londres.
1762 : La Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Espagne et conquiert la colonie de Floride. La même année Pierre III devient tsar de Russie après la mort d’Elizabeth Petrovna, il fait immédiatement la paix avec la Prusse, pour cela il sera assassiné après quelques mois de règne par son épouse, Catherine, qui devient tsarine après un coup d’Etat réussi.
1763 : Signature à Paris du traité de paix mettant fin à la guerre de Sept ans. La même année Louis XVIII abolit officiellement le servage en France tandis que Jean-Jacques Rousseau publie son Contrat Social. En Inde les Français trahissent leurs alliés, lors de la bataille de Buxar ils défont le Grand Moghol, après avoir expulsé les Anglais ils sont désormais les maîtres de la plus grande partie de l’Inde.
1764 : Décès de la marquise de Pompadour, maîtresse bien aimée du roi Louis XVIII qui prend le deuil. La belle et intelligente dame influençait son amant en faveur des philosophes, avec sa mort c’est la fin d’une période de grande modération, Louis XVIII ayant un caractère naturellement autoritaire. La même année Voltaire publie son dictionnaire philosophique qui provoque le scandale, sans la protection de la marquise il se retrouve sans défense. Mais la même année Louis XVIII expulse de France les Jésuites et donne le monopole de l’enseignement à des collèges fondés sur son ordre, nombreux de ces collèges sont dirigés par des amis des philosophes.
1765 : En récompense des services rendus durant la guerre les Iroquois obtiennent du roi de France un statut officiel de sujets protégés du roi. Il leur est accordé un territoire autonome, une colonie dénommées Indiana au Sud de l’Ohio. Leurs droits sont reconnus à la condition qu’ils se convertissent au christianisme.
En France débute l’affaire Calas, Voltaire s’efforce de défendre Jean Calas, accusé et exécuté sans preuve pour un homicide. A sa suite les libéraux réclament une réforme de la justice, demandant notamment son indépendance totale du pouvoir selon les idées de Montesquieu, ils exigent la fin des droits locaux et des privilèges judiciaires de la noblesse. Cette réforme révolutionnaire est bloquée par le veto de Louis XVIII, furieux de leur désobéissance.
1766 : Décès de Jacques III de Grande Bretagne, son fils Charles III lui succède. Ce dernier entame un règne absolu et autoritaire illustré par les fêtes, le luxe et les dépenses qui font scandales alors que les caisses du royaume ont été vidées par la guerre. Peu de temps après la colonie britannique de Virginie refuse de payer les nouvelles taxes levées par le jeune roi. La même année l’empereur autrichien François 1er meurt, son épouse, Marie-Thérèse, met son fils Joseph II sur le trône mais continue à régner.
En France les Etats Généraux affrontent le roi sur la question de la réforme judiciaire. Louis XVIII décide alors de reprendre le contrôle des Etats généraux. Il dissout l’assemblée, droit royal qui n’avait jamais été utilisé sous son règne, et appelle à de nouvelles élections. La manifestation de l’autorité royale raffermit le parti conservateur et noble qui remporte les élections. La première décision de la nouvelle assemblée est de rétablir le crime de blasphème, peu de temps après le chevalier de la Barre, reconnu coupable de non respect d’une procession est exécuté malgré les protestations de Voltaire.
1767 : Charles III Stuart décide d’imposer ses nouvelles taxes aux colons américains, les Townshend Duties, la ville de Boston réagit à la contrainte par le boycott des produits anglais, préférant acheter des produits des colonies françaises. La même année James Watt construit la première machine à vapeur de l’histoire. En Autriche le jeune empereur Joseph II, éduqué par les Lumières, tente d’imposer dans son pays un nouvel esprit libéral inspiré des idées françaises.
1768 : Le royaume de France achète la Corse au royaume du Piémont. En Nouvelle-Angleterre la résistance des colons britanniques pousse Charles III à envoyer l’armée. Boston est occupé et ramenée au calme. La même année James Cook commence ses voyages d’exploration à travers le monde. En France Louis XVIII se montre au bras de sa nouvelle favorite, la comtesse du Barry.
1769 : L’assemblée coloniale de Virginie est dissoute sur ordre du roi mais cela n’empêche pas le mouvement de boycott de se poursuivre et de s’étendre aux autres colonies. Cela profite au commercer des colonies françaises qui prospère, favorisant un état quasiment autonome de son économie, de plus les taxes restent raisonnable et le pouvoir colonial ne craint pas la contagion et peut aider ses voisins. En Russie les troupes de Catherine II occupent les terres roumaines appartenant à l’empire ottoman.
1770 : le conflit politique dans les colonies britanniques dégénère en lutte armée, des combats de rue se déroulent à New York entre habitants et soldats. A Boston une manifestation est réprimée, faisant cinq morts. Ces violences inquiètent Charles III qui accepte alors de retirer ses taxes, une paix précaire revient dans les colonies mais décidément quelque chose s’est rompu entre les colons et la Grande-Bretagne. En France le Dauphin Louis épouse la fille de Marie-Thérèse, la jolie Marie-Antoinette. La même année Louis XVIII tente de faire passer une série de lois autoritaires provoquant la réaction des libéraux, ils parviennent à faire chuter le gouvernement conservateur, provoquant de nouvelles élections. Louis XVIII, furieux, est contraint d’abandonner son projet.
1771 : Gustav III de Suède monte sur le trône en promettant de restaurer la puissance e de son pays comme au temps de Charles XII. En France le conflit entre les Etats Généraux et le roi provoque des rebellions dans les provinces, les paysans acclament les députés libéraux et appellent à la résistance.
1772 : la Russie, la Prusse et l’Autriche se mettent secrètement d’accord pour diviser entre eux les terres polonaises. En Suède Gustav III opère un coup d’Etat légal pour étendre ses pouvoirs.
1773 : La Russie est secouée par la révolte des cosaques de Pougatchev contre le pouvoir de Catherine II. En Nouvelle-Angleterre un groupe appelé les Fils de la Liberté prennent d’assaut un navire anglais et en détruisent la cargaison. Cette Boston Tea Party exprime le mécontentement persistant des colons britanniques. Du côté des colons français à la Nouvelle-Rochelle une branche française des Fils de Liberté est secrètement fondée en protestation de la politique autoritaire de Louis XVIII.
1774 : Décès du vieux roi Louis XVIII, qui se faisait appeler « le bien-aimé ». Son règne a été le plus long de toute l’histoire de France. Son petit-fils, le Dauphin, devient Louis XIX. Le nouveau souverain, jeune et plein de bonne volonté, décide d’abandonner les projets de son aïeul et de convoquer de nouvelles élections. Elles sont remportées par les libéraux dirigés par Turgot. Ces gestes pacifient la situation intérieure. Turgot entreprend une série de réformes, notamment dans le domaine du commerce du grain. En Nouvelle-Angleterre les colons se réunissent pour la première fois en congrès continental à Philadelphie.
1775 : Louis XIX accepte le projet de réforme de la justice, mais entre temps les réformes brutales de Turgot entraînent la déréglementation du marché du grain. La crise qui en découle provoque des violences et le roi est obligé de ramener l’ordre par la répression. Les libéraux sont désavoués Turgot démissionne, la réforme judiciaire est enterrée. C’est la fin de l’intermède libéral du règne de Louis XIX, le jeune roi est désormais convaincu de l’inefficacité des idées libérales. La même année Beaumarchais critique violemment les nobles conservateurs dans sa pièce, le barbier de Séville, le scandale est tel que le roi doit l’interdire, provoquant l’exil de Beaumarchais dans les colonies.
En Russie Catherine II défait les rebelles et fait prisonnier Pougatchev.
En Nouvelle-Angleterre surviennent de nouveaux incidents entre les milices coloniales et l’armée britannique comme à Lexington et à Concord, ces incidents provoquent le début de la guerre d’indépendance américaine. Le IIe congrès continental se réunit à Philadelphie et rassemble les représentants des treize colonies britanniques ainsi que des observateurs des colonies françaises. Georges Washington est mis à la tète d’une armée coloniale improvisée et des armes sont achetées aux manufactures de Montréal et de Vauban. L’armée occupe alors Boston et Charles III proclame les colonies comme rebelles à la couronne, les colonies deviennent terre de guerre.
1776 : Le congrès continental proclame son indépendance, Thomas Jefferson rédige alors la déclaration d’indépendance. Louis XIX condamne cette initiative mais la majorité des colons français l’approuve en secret. Le marquis de Beaumarchais se met à réunir de l’argent et des armes à Saint-Louis pour aider les Insurgents, il réunit aussi des volontaires protestants pour lutter contre le roi britannique catholique. Dans les colonies l’Américain Thomas Paine publie son « Du sens Commun », manifeste pour les libertés politiques. En France est créé le premier syndicat ouvrier.
La guerre d’indépendance des colonies anglaises : Le problème des taxes a finalement provoqué la rupture entre le pouvoir absolu de Charles III et les colonies américains où s’étaient toujours maintenu le protestantisme et une certaine forme de parlementarisme. Depuis plusieurs années les colonies argumentaient sur une possible séparation d ‘avec l’Angleterre et des milices, comme les Fils de la Liberté ou les Minute men, s’étaient formées. La lutte armée débute en 1775 après les incidents de Lexington et de Concord où ces milices affrontèrent l’armée. Le congrès continental des représentants des colonies décida alors de s’organiser pour se défendre et de mettre Georges Washington à la tête d’une armée improvisée. Benjamin Franklin fut envoyé en mission pour acheter des armes aux manufactures des colonies françaises où des milices de volontaires trappeurs se joignirent à la lutte. Charles III déclara alors les colonies rebelles et envoya l’armée ramener l’ordre. Devant cette rupture le congrès n’eut plus d’autre choix que de se proclamer indépendant le 4 juillet 1776 par le verbe magnifique de Thomas Jefferson.
Benjamin Franklin poursuit alors son périple jusqu’en France où il doit négocier l’aide française. Louis XIX critique cette révolte mais n’est pas mécontent de voir la Grande Bretagne affaiblie. Dans les colonies françaises le mouvement de sympathie, dirigé par de Beaumarchais rassemble hommes et argent pour les Insurgents. Ils répondent soit à une fraternité entre protestants soit à une haine des Anglais et de l’absolutisme, de cette manière près de 30 000 volontaires passeront dans les 13 colonies. En 1777, parmi ces volontaires, le marquis de La Fayette, officier de l’armée à Saint-Louis, part pour rejoindre les Insurgents, il sera accusé de désertion et chassé de l’armée française. Cette première aide contribuera aux premiers succès américains, notamment à Saratoga.
En 1778 Franklin signe un accord avec la France, Paris reconnaît l’indépendance des colonies et offre son alliance. Louis XIX déclare la guerre à Charles III, suivi de son allié espagnol, qui perd immédiatement sa colonie de Floride. La Fayette est alors réintégré à l’armée française et récompensé de son attitude héroïque en devenant le général des volontaires français. L’armée britannique commence alors à sentir la pression augmenter autour d’elle et évacue Philadelphie alors que la Flotte Royale française de Rochambeau arrive près de New York. Les Britanniques réussissent pourtant encore à avancer, ils occupent Savannah et la Jacobie. En 1779 ils tentent d’obliger les Français à se replier en menant une attaque directe contre la Nouvelle-Orléans mais ils seront repoussés à la bataille de Bâton-Rouge. La France perd cependant ses possessions des Antilles. La situation militaire s’améliore pour les Américains et en 1780 les renforts français permettent de prendre le dessus, ainsi les troupes alliées contraignent le général britannique Cornwallis et son armée à la reddition à Yorktown. Cornwallis souhaite se rendre à La Fayette mais ce dernier présente Washington comme l’artisan de la victoire, attitude généreuse qui ne sera pas oubliée. Dès lors la Grande Bretagne entame des négociations qui aboutissent à la paix de 1782 qui voir la reconnaissance de l’indépendance des colonies. La France signe la paix l’année suivante et obtient la restitution des îles des Caraïbes perdue durant la guerre de 7 ans, L’Espagne retrouve sa Floride. Un traité de commerce est signé entre la France et les colonies libres.
1778 : cette année là Voltaire s’éteint, il est enterré en grande cérémonie, accompagné par le peuple parisien, Louis XIX lui-même acceptera de prendre le deuil, de son côté Rousseau meurt la même année en provoquant beaucoup moins de réactions.
1779 : le capitaine James Cook, grand explorateur et découvreur de l’Australie, meurt au cours d’une expédition dans le Pacifique, assassiné par les indigènes.
Louis XIX promulgue la nouvelle Charte Américaine. Cette nouvelle loi des colonies est sensée prendre en compte les espérances nées de la révolution des colonies britanniques. La France accorde à ses colonies plus d’autonomie locale toute en réaffirmant la présence de l’autorité royale en créant des Etats Continentaux soumis aux Etats Généraux et dirigés par un Lieutenant Général d’Amérique. Les Etats Généraux profitent de l’occasion pour expérimenter les idées libérales de Turgot dans les colonies.
1780 : En Autriche l’impératrice Marie-Thérèse s’éteint laissant son fils Joseph II entamer son règne réel. Il entame immédiatement une série de réformes libérales.
1781 : La France instaure une armée de carrière, c’est l’évolution logique des anciennes réformes de Vauban. La réforme prévoit un avancement au mérite, ce qui favorise les officiers charismatiques comme La Fayette. Des académies militaires sont ouvertes dans les provinces, dans celle de Brienne entre un certain Napoléon Bonaparte.
En Autriche Joseph II poursuit son programme de réforme libérale de l’empire, de nombreux droits féodaux sont abolis et la tolérance religieuse est instaurée.
1782 : Tandis que Charles III d’Angleterre signe la paix avec les Américains nombreux sont ceux à Londres qui sont scandalisés par cet abandon. La popularité de Charles III s’écroule, il tente de réaffirmer son autorité par la brutalité. Lorsque le député libéral Pitt le jeune (fils du ministre Pitt) demande des réformes libérales il doit prendre la fuite pour ne pas être arrêté. Face à cette provocation Charles III supprime le parlement qu’il juge coupable des erreurs de la guerre et prend tous les pouvoirs malgré les protestations.
1783 : La guerre a aussi eu de lourdes conséquences en France, la guerre a coûté très cher et le trésor manque de moyens. De plus la France n’a pas réussi à réduire la puissance navale britannique qui reste incontestée sur les mers. Peu de temps après débute le ministère libéral de Calonne chargé d’améliorer la situation financière, mais Louis XIX met son veto à la plupart des projets de réforme, il souhaite notamment reprendre le contrôle des impôts.
En Russie Catherine II déclare la guerre à l’empire ottoman et annexe la Crimée. En Autriche Joseph II passe un concordat avec l’Eglise pour délimiter leurs domaines respectifs, plus à l’Est la réforme agraire provoque la révolte des nobles de Bohême.
1784 : La Turquie est contrainte à la paix, elle est obligée d’ouvrir les détroits à la navigation européenne. En France le marquis de La Fayette est récompensé de ses exploits par Louis XIX, il le nomme Lieutenant Général du roi en Amérique. Il s’adjoint rapidement les services de Beaumarchais pour l’aspect administratif ainsi que d’un jeune Américain anglophone, Thomas Paine. La même année il est décidé de créer une nouvelle colonie entre la Louisiane et le Canada, c’est l’Ohio, avec Saint-Louis comme capitale. En France éclate le scandale des joyaux de la reine. Marie-Antoinette est accusée de vider les finances publiques par ses dépenses. Face à l’émotion le ministre Calonne veut instaurer une liste civile de la maison royale pour limiter les dépenses. Cette loi est bloquée par Louis XIX, renforçant les tensions au sein de l’Etat.
En Autriche Joseph II impose la langue allemande comme langue officielle de l’empire. La même année une flotte suédoise impose son protectorat sur l’île d’Aceh et chasse les Espagnols des Philippines, création de la compagnie suédoise des Indes Orientales.
1785 : En Angleterre et en France on voit apparaître les premières manufactures utilisant des machines à vapeur. La même année la France lance l’expédition La Pérouse avec l’objectif de surpasser les découvertes de Cook. En Amérique La Fayette, sur les conseils de Beaumarchais, organise dans les colonies les Etats Continentaux qui siègent à la Nouvelle-Rochelle. Le Lieutenant Général et les représentants prennent des lois avec l’accord de la France. Parmi les premières décisions il y a la construction d’un réseau de routes carrossables sur toutes les colonies et reliées aux routes menant aux Etats-Unis. Il est décidé aussi de maintenir le territoire indien autonome de l’Ohio, ces mêmes Indiens se voient accordés l’égalité des droits (si convertis au christianisme).
1786 : En Prusse le roi Frédéric II s’éteint, son fils Frédéric-Guillaume II lui succède. En Suède le roi Gustave III entreprend une série de réformes militaires sur le modèle prussien. Aux Etats-Unis des citoyens de la jeune démocratie se révoltent lors de la Whiskey Rébellion menée par Daniel Shays, cette explosion de violence locale démontre au convainc le congrès de modifier la constitution. En Toscane c’est le grand-duc Léopold, frère de Joseph II qui entame une série de réformes libérales.
1787 : en France le ministère Calonne tente de nouveau de faire passer son projet de réforme fiscale et politique, qui est immédiatement bloquée par le roi. C’est un nouvel épisode de la lutte entre les deux pouvoirs. Le roi tente de nouveau de dissoudre les Etats Généraux mais la protestation générale le contraint à y renoncer. La même année l’académie militaire d’Angers voit sortir diplômé un jeune lieutenant britannique, Arthur Wellesley (notre Wellington). En Autriche Joseph II promulgue l’égalité entre tous ses sujets tandis qu’en Amérique est adoptée la nouvelle constitution des Etats-Unis d’Amérique.
1788 : Décès du roi Charles III d’Angleterre, mort sans enfants il laisse le trône à son frère, le cardinal de York, désormais Henri IX. Le roi étant aussi un prêtre, une crise de succession s’annonce. Charles III laisse le trône en triste état, la défaite face aux colonies et les fastes du règne laissent les caisses désespérément vides et la réputation de l’Angleterre bien écornée malgré une flotte intacte et invaincue. L’agitation politique en profite pour réclamer le rétablissement du parlement et des libertés traditionnelles. Henri IX, en signe d’apaisement accepte la réouverture du parlement de Westminster. Mais d’autre part il fait arrêter bon nombre de contestataires qui sont expédiés dans la colonie pénitentiaire de Sydney, en Australie.
La France aussi connaît l’agitation politique, la crise entre les Etats Généraux et le roi bloque toute réforme et de mauvaises récoltes provoquent des désordres. A Grenoble, la foule révoltée attaque les troupes royales envoyées pour dissoudre les Etats Locaux de la Province. D’autres exemples du même style persuadent Louis XIX de trouver un compromis avec les libéraux modérés. Le ministère Calonne, jugé trop radical, démissionne et après de nouvelles élections Jacques Necker forme un nouveau gouvernement modéré, en signe de bonne volonté le roi accepte de doubler le nombre de représentants du tiers-état pour le rendre égale à celui de la noblesse et du clergé réuni.
La même année la Suède de Gustave III déclare la guerre à la Russie de Catherine II. En Espagne commence le règne de Charles IV.
1789 : les Etats-Unis élisent Georges Washington, le héros de la guerre, premier président pour un mandat de quatre ans.
Dans la colonie portugaise du Brésil une conjuration dirigée par l’officier José Joaquin da Silva et d’autres riches exploitants du Minas Gerais, région riche en or, prend le pouvoir localement et proclame l’indépendance du Minas Gerais. La colonie se détache de l’autorité de Sao Paulo et devient le premier Etat indépendant d’Amérique du Sud.
1789, l’année sans pareille :
La Révolution française ou les « Trente Glorieux » (jours de juillet) : en mars 1789 le roi
Louis XIX ouvre solennellement la première session des nouveaux Etats Généraux où siègent des célébrités comme La Fayette et Mirabeau et des inconnus comme Danton et Robespierre. Les élections ont porté encore une fois au pouvoir les libéraux au pouvoir, de plus, cette fois ci la majorité de l’assemblée du clergé s’est rangé de leur côté et disposent de quelques voix influentes à l’assemblée des nobles comme celle du duc d’Orléans Philippe « Egalité ». Les libéraux détenant une majorité absolue, le roi ne peut espérer bloquer encore longtemps les réformes et donne l’ordre de mobiliser l’armée. La rumeur de coup d’Etat (Louis XIX voulait seulement maintenir l’ordre dans les provinces et envoyer un message de fermeté) provoque la révolte des Parisiens qui soutiennent massivement l’assemblée élue. Appuyée par la légitimité populaire et la menace de guerre sociale elle conteste ouvertement l’autorité royale. Louis XIX, inquiet et en deuil après la mort de son jeune fils tente le coup de force, le 20 juin il empêche la réunion des Etats-Généraux à Versailles. Les députés, scandalisés, forcent l’entrée et se réunissent dans la galerie des glaces où ils se proclament assemblée nationale et demande la rédaction d’une constitution. Le roi hésite encore mais les désordres croissants à Paris (l’armée est contrainte de se retirer dans la Bastille avec ordre de ne pas tirer sur la foule) le contraignent à s’incliner. Louis XIX accepte que les députés rédigent une constitution pour le pays. Ainsi le 4 août l’assemblée abolit les dernières traces du régime féodal, faisant de la noblesse un ordre honorifique. Le 6 août un concordat avec l’Eglise est signé. La Fayette est nommé commandant de la nouvelle Garde Nationale composée de citoyens. La constitution est présentée au roi le 26 août et est signée le 1er septembre, faisant naître officiellement la monarchie parlementaire française.
La nouvelle constitution prévoit de remplacer le chancelier par un premier ministre qui ne sera pas nommé par le roi. Le roi perd son droit de veto pour les affaires fiscales et judiciaires. Ses dépenses personnelles seront contrôlées par une liste civile. Il conserve cependant son pouvoir de veto en matière législative mais l’assemblée peut passer outre par un vote à la majorité des deux tiers. Le roi déclare la guerre en accord avec l’assemblée qui seule peut voter les dépenses de guerre. La constitution débute par un Décret des Droits où sont reconnues les libertés personnelles, surtout celle d’expression. Les assemblées locales sont supprimées et tout est centralisé à Paris, sauf dans le cas des colonies américaines qui conservent leur assemblée qui est installées à Saint-Louis. La réforme judiciaire est finalement adoptée. En bref le roi règne mais ne gouverne plus.
Ces changements mènent à un rapide retour à la normale et les dernières révoltes paysannes sont réprimées sur ordre de l’assemblée. Au début de 1790 Louis XIX change de titre et devient officiellement roi des Français et jure fidélité à la constitution (cet abandon du pouvoir sera la cause de sa séparation avec la reine Marie-Antoinette, qui refuse la constitution, elle vivra désormais recluse dans son palais de Trianon, la séparation du couple royal provoquera un fameux scandale). La nouvelle assemblée travaille vite et de nouvelles lois sur la liberté du commerce, sur la dissolution des ordres monastiques et des corporations sont adoptées. Les journaux fleurissent en même temps que les premiers partis politiques organisés. Mirabeau est nommé premier ministre et le 14 juillet 1790 est célébrée la Fête du Royaume où Louis XIX renouvelle son serment. Cette journée marque la fin de la Révolution française.
La révolution anglaise : Les exemples américains et français ne tardent pas à provoquer la
Contestation du régime absolutiste britannique, allant jusqu’à des révoltes armées. En 1788 le roi-cardinal, Henri IX convoque un nouveau parlement de Westminster où la grande majorité des députés souhaitent des réformes libérales sur le modèle de la révolution réussie en France, beaucoup sont prêts à aller jusqu’au coup de force. Parmi ces députés se trouve le jeune Arthur Wellesley (Wellington), William Pitt le jeune (revenu d’exil) et Thomas Paine (qui a quitté les Etats-Unis). A Londres les clubs politiques clandestins se multiplient comme le club des Blackfriars qui militent pour la restauration de l’Habeas Corpus et des traditions parlementaires. Le 9 novembre les députés des communes imitent leurs collègues français et se réunissent illégalement, se proclamant parlement national de Grande Bretagne. Ils exigent d’Henri IX la rédaction d’une constitution libérale. Le 14 novembre le silence hésitant du roi provoque la rumeur d’une possible répression militaire ce qui provoque la révolte du peuple de Londres. Les Londoniens marchent alors sur la Tour de Londres pour en prendre les armes. L’ancienne place forte se rend rapidement, le peuple entreprend alors de démolir la tour de Guillaume le conquérant, symbole du pouvoir absolutiste, dans l’anarchie les bijoux de la couronne sont volés. Face à cette violence le souverain panique et accepte les exigences du parlement. Le 4 décembre les privilèges de la noblesse sont abolis, le lendemain est adoptée la Declaration of Man and Citizen’s Rights qui restaure les libertés fondamentales, les persécutions contre es protestants cessent. L’explosion de la liberté d’expression provoque une ébullition d’idées révolutionnaires et la création de centaines de journaux. Henri IX accepte tout pour éviter la guerre civile, mais le 12 décembre une rumeur prétend que le roi à publiquement critiqué la révolution et marché sur ses couleurs, cette nouvelle provoque une nouvelle éruption de violence parmi les Londoniens affamés. Bientôt les femmes de Londres décident de prendre les armes pour aller réclamer du pain au roi à Windsor. Henri IX, face à la pression du peuple est contraint à retourner à Londres où il est installé à Buckimgham Palace. Le 29 décembre la constitution britannique est adoptée et restaure la monarchie parlementaire, de son côté Henri IX pense déjà à fuir le pays comme tant d’autres nobles réfugiés en Hollande ou dans les Etats allemands. Entre temps la révolution se radicalise de plus en plus et des révoltes armées éclatent dans les comtés. En Ecosse se répand la « Grande Peur », la hantise des pillages, qui cause des milliers de morts et l’anarchie. Les châteaux et manoirs de la noblesse sont attaqués et pillés, les dettes détruites, les personnes emprisonnées massacrées. En quelques semaines ce qui restait du système féodal est anéanti. William Pitt est nommé premier ministre par le parlement. De sont côté la France, dans un premier temps favorable à la révolution, s’inquiète de la violence croissante en Grande Bretagne et décide de rompre ses relations diplomatiques avec Londres et d’accueillir des exilés.
1789 : A la suite des troubles en France et en Grande-Bretagne une révolte libérale éclate aussi à Bruxelles contre les Français et dans la principauté de Liège, mais ces mouvements sont vite réprimés. Appelés à l’aide les Français annexent Liège. Cette révolte mènera pourtant Paris à accepter la création d’une assemblée locale belge. L’agitation politique se répand aussi en Pologne, où la Diète nationale rédige une constitution libérale. En Suède, au contraire, le roi Gustave III, face aux menaces révolutionnaires impose son pouvoir par la force, il contraint le Riksdag (parlement) à voter une loi de sécurité lui donnant tout pouvoir. Non loin au Danemark les provinces norvégiennes du royaume se révoltent et forment un gouvernement autonome qui se réunit à Oslo. La même année en France le médecin français Guillotin invente une toute nouvelle machine d’exécution sensée donner une mort sans douleur, la guillotine, bientôt le gouvernement anglais achète l’invention.
1790 : Federation’s Day à Londres, le peuple londonien fête le premier anniversaire de la révolution, Henri IX renouvelle son serment de respecter la constitution devant 100 000 National Guards. Peu de temps après le parlement proclame dans l’enthousiasme que la Grande Bretagne renonce pour toujours aux guerres de conquête. En juillet le même parlement vote la constitution civile du clergé, les prêtres catholiques et protestants deviennent dès lors des agents payés par l’Etat, ils doivent jurer fidélité à la constitution. Cette décision provoque la rupture avec l’Eglise catholique, le pape Pie VI condamne la révolution et les idées démocratiques. Londres envoi aussi son représentant, Thomas Paine, auprès du gouvernement américain à Philadelphie pour proposer la réunification des colonies au nouveau gouvernement britannique démocratique. Le président Washington refuse.
En Autriche l’empereur libéral Joseph II s’éteint, il laisse le trône à son frère Léopold II, ancien grand duc de Toscane. Libéral comme son frère le nouvel empereur décide de poursuivre les réformes entreprises. Il ordonne aussi la réunion de la Diète de Padoue pour rédiger une constitution unique pour tous les peuples de l’empire. Cette constitution prendra ses inspirations principalement dans les textes français et polonais, le droit aussi est unifié par la même occasion. Dans le même temps Léopold II refuse de reconnaître le régime révolutionnaire britannique jugé trop extrémiste.
En Suède le roi Gustave III subit une terrible défaite navale à Svenska Sund et doit signer la paix avec la Russie, il rétrocède à Catherine II la Carélie et l’Ingrie. Les Russes triomphent et fêtent la restitution de Saint-Karlsbourg qui redevient Saint-Pétersbourg.
En France le gouvernement Mirabeau prend des mesures contre le mouvement révolutionnaire britannique, les citoyens britanniques sont fichés et surveillés. La révolution anglaise est critiquée comme devenant trop radicale contrairement à la « révolution juste » modérée en France.
1791 : En France le décès soudain du premier ministre Mirabeau mène à la formation par le parlement du gouvernement La Fayette. La Fayette est un libéral modéré qui tente de conserver certains pouvoirs au roi et surtout de préserver sa dignité, il influe sur la politique française dans un sens modérateur et plus autoritaire qui rassure les classes dirigeantes et le roi Louis XIX. La même année le parlement vote l’abaissement du cens électoral, doublant le nombre de votants.
Il est également en faveur de plus d’autonomie pour les colonies américaines où il a vécu des années. Une constitution séparée pour les colonies françaises d’Amérique est donc promulguée sur sa volonté. Elle reprend en grande partie le texte métropolitain. Le Lieutenant Général d’Amérique sera nommé par le roi sur proposition de Paris, il aura à rendre des comptes à Paris mais aussi face à l’assemblée coloniale de Saint-Louis. Les droits politiques des Indiens christianisés sont reconnus et de nouvelles compétences sont reconnues aux autorités locales. Les assemblées locales des colonies peuvent voter des lois locales et fixer le montant des taxes indirectes, elles seront dirigées par un gouverneur nommées par elles mais confirmé par Paris et sous les ordres du Lieutenant Général. Paris nomme le scientifique Lavoisier Lieutenant Général d’Amérique, ce dernier entreprend alors de faire redessiner par l’assemblée coloniale les limites des Colonies (Canada, Ohio, Louisiane, Antilles), de leurs régions et communes, la capitale coloniale est fixée à Saint-Louis, les lois locales sont mises par écrit. Mais la même année l’île française de Saint Domingue se révolte sous la direction du général noir Toussaint-Louverture, l’île devient le premier Etat noir indépendant du monde.
En Europe la Pologne poursuit sa propre révolution libérale, les patriotes polonais contraignent la Diète à appliquer la Constitution. A Padoue l’empereur Léopold II promulgue la constitution impériale. Dans le même temps il rompt ses relations diplomatiques avec Londres, il appelle les souverains européens à s’unir contre la révolution britannique. Plus tard il signe, avec le roi de Prusse, le gouvernement français et le roi de Suède, la déclaration de Pillnitz. Les souverains européens y menacent Londres de guerre si Henri IX n’est pas libéré et si la politique britannique ne se modère pas. La même année l’Autriche voit disparaître le génial Mozart.
En Grande-Bretagne Henri IX, silencieusement hostile à la révolution, tente de profiter de l’appel autrichien pour chercher de l’aide. Il s’embarque secrètement sur une plage près de Dover mais son navire est arrêté par la National Marine qui patrouille. Sa tentative de fuite ayant échoué, Henri IX est reconduit sous bonne garde à Londres où il est accueilli par un lourd silence hostile de la population trahie. C’est alors que les premières voix s’élèvent pour réclamer sa destitution et la création d’une république. L’agitation politique reprend et des manifestants réunis à Saint James Park sont massacrés par les National Guards. Dans le même temps le parlement de Westminster vote la reconnaissance des droits politiques des citoyens juifs.
Aux Etats-Unis le congrès vote les dix articles du Bill of Rights. Quelques disputes de frontières surviennent avec les colonies françaises, causés par l’immigration américaine dans le Kentucky français.
Les guerres de la Révolution :
1792 : Les menaces répétées des souverains européens contre la révolution provoquent à Londres un fort sentiment d’hostilité qui favorise les partisans de la guerre. William Pitt propose d’exporter le modèle révolutionnaire dans toute l’Europe, par la force s’il le faut. Henri IX se montre totalement opposé à la guerre ainsi que le député Thomas Paine qui déclare alors : « personne n’aime les missionnaires armés. » Mais la Grande Bretagne n’a plus d’autres choix que la guerre face à un continent uni contre elle. Londres déclare la guerre à l’Autriche et aux Pays-Bas. La guerre démarre mal pour les Britanniques avec les échecs répétés de débarquement sur le continent, cependant la National Navy conserve le contrôle des mers face au projet d’invasion ennemi. Mais des défaites navales répétées entraînent de fortes critiques pour le gouvernement. Le premier ministre Pitt s’oppose au parlement jugé trop modéré. Il organise alors l’insurrection de Londres, un gouvernement révolutionnaire est instauré, de nouvelles élections permettent la réunion d’une nouvelle convention, de nombreux députés sont expulsés comme le lieutenant Wellesley. Pitt proclame surtout la patrie en danger et ordonne la mobilisation générale, une grande nouveauté pour l’époque. Cette politique lui réussit car en août la flotte alliée avec ses troupes d’invasion est défaite dans la Manche, sauvant l’île d’un débarquement, dans les mois qui suivent la situation militaire s’améliore. Cela permet à une expédition révolutionnaire d’arriver en Norvège où ils sont accueillis en libérateurs par la population. Une république sœur de Norvège est proclamée.
L’insurrection de Londres a pour conséquence de mettre Henri IX dans une situation désespérée, le roi est suspendu de ses fonctions et doit trouver refuge à Westminster tandis que Buckingham Palace est mis à sac par la foule en colère qui massacre les derniers membres de la Garde Irlandaise. A noter qu’à ces combats participent les volontaires écossais dont le chant de guerre devient très populaire sous le nom de « Ecossaise » (elle deviendra par la suite l’hymne national du pays). Le parlement victorieux abolit la monarchie en Grande Bretagne et proclame la naissance du Second Commonwealth de Grande Bretagne ainsi que le début de l’an I de la liberté. Peu après l’ancien roi Henri Stuart est accusé de haute trahison et incarcéré. Les biens du roi et de la noblesse exilée sont nationalisés
En France la déposition d’Henri IX provoque la rupture définitive avec Londres. La Fayette présente au parlement et au roi la proposition de déclaration de guerre qui est immédiatement adoptée. La France s’allie avec l’Autriche, les Pays-Bas, la Prusse et la Suède. L’armée française n’a pas le temps de se réunir qu’une petite armée britannique débarque en Belgique et défait les troupes locales à Jemmapes, Bruxelles doit être alors évacuée tandis que les Britanniques fondent la république sœur de Belgique.
En Autriche l’empereur Léopold II s’éteint laissant le trône à son fils François II. Le nouveau souverain est moins libéral que son père et arrêtera le mouvement de réformes bien qu’il n’abolisse pas l’héritage de Joseph II et de son père. Il poursuit également la politique précédente et la guerre contre la révolution britannique en s’alliant avec la France. En Suède le roi Gustave III est assassiné par un officier de son armée acquis aux idées de la révolution.
1793 : En Grande Bretagne Henri Stuart est condamné à mort par le parlement pour haute trahison, il est exécuté le 21 janvier sur le lieu même de l’exécution de Charles 1er. Le pape proclame dès lors le roi-cardinal martyr de l’Eglise. Les royalistes britanniques se tournent alors vers son parent le plus proche, Charles-Emmanuel de Savoie, héritier de la couronne de Sardaigne et par les femmes de la maison des Stuart. Il accepte ce rôle de prétendant et prend le nom de Charles IV, début de la dynastie Savoy, le royaume de Piémont-Sardaigne déclare la guerre à la Grande Bretagne.
Sur le plan militaire avec les débuts du gouvernement de Thomas Paine (cf. encadré plus bas) les Britanniques sont repoussés de Belgique mais se maintiennent sur les fronts de Hollande et de Norvège. Un nouveau débarquement prend pied au Hanovre. La Hollande et l’Islande sont annexées au Commonwealth tandis que la Russie rejoint les puissances continentales en déclarant la guerre à Londres. Cette entente des puissances continentales permet d’ailleurs à la Russie, l’Autriche et la Prusse de se diviser discrètement la Pologne qui est alors annexée et cesse d’exister. Dans le même temps les Etats-Unis se déclarent officiellement neutres dans le conflit européen. La France connaît durant cette période des difficultés pour communiquer avec ses colonies américaines face aux succès de la marine britannique. Une flotte britannique pénètre même en Méditerranée et attaquent la Corse. La Fayette est alors nommé général en chef des armées et doit quitter son poste, il est remplacé par le gouvernement de Danton, antibritannique et nationaliste. Dans le même temps un ami de Danton, Maximilien Robespierre échoue à être réélu député et choisit d’émigrer dans les colonies américaines.
1794 : Du point de vue militaire le gouvernement de terreur révolutionnaire de Thomas Paine semble porter ses fruits, les Britanniques sont victorieux à Neerwinden et annexent ce qui reste de la Hollande. Le Hanovre et Brême sont envahis et les Français évacuent Coblence, laissant libre le chemin du Palatinat. L’armée française décide de défendre plutôt ses frontières et se fortifie derrière l’ancienne frontière de fer de Vauban. La Grande Bretagne signe un accord avec le Portugal pour que la National Navy utilise les ports du pays. La Navy profite aussi de sa supériorité en Méditerranée pour permettre à Pascal Paoli de soulever l’île contre les Français, l’île appelle la Navy à son aide et la république sœur de Corse est proclamée. Plus au Nord en Norvège les Britanniques doivent se replier face à l’offensive suédoise. En Pologne les patriotes de Tadeusz Kosciuszko se révoltent contre l’envahisseur russe mais l’euphorie retombe vite et Varsovie est bientôt reconquise par les Russes.
La Terreur révolutionnaire, le régime de Thomas Paine « l’incorruptible » : A Londres en 1793 l’agitation politique se poursuit lorsque les révolutionnaires radicaux prennent le pouvoir par un coup d’Etat, faisant arrêter et exécuter les personnes jugées modérés, comme William Pitt. A la tête du pays est placé un Comité de Salut Public dirigé par la personnalité de Thomas Paine surnommé l’Incorruptible. Il doit faire face à une situation désastreuse, la répression des modérés a provoqué des révoltes dans les grandes villes du pays, Bristol et Edinburgh ne reconnaissent plus l’autorité de Londres et devront être reconquise par l’armée. En Irlande apparaît une guérilla catholique et royaliste organisée autour des Irish United de Wolfe Tone. Peu de temps après les rebelles irlandais attaquant Dublin mais échouent dans leur entreprise. Au Sud le port de Plymouth ouvre ses portes à la flotte française, la ville est alors assiégée c’est à ce moment que le lieutenant Arthur Wellesley démontre pour la première fois ses talents militaires. Thomas Paine se montre vite dur et sans compromis, se créant de nombreux ennemis qui sont tous décimés. Fidèle aux idées des philosophes il tente de créer un culte de l’Être Suprême, soutien à son régime autoritaire. Les nobles, les modérés et toutes personne suspectes sont arrêtées et jugées par les tribunaux révolutionnaires qui les condamnent rapidement à mort, la guillotine fonctionne nuit et jour. C’est la politique de la Terreur. En 1794 Thomas Paine renforce son influence au gouvernement britannique, après avoir éliminé les modérés il s’attaque aux radicaux menés par Thomas Muir qui est assassiné peu après dans son bain. Les députés radicaux sont arrêtés à l’intérieur du parlement de Westminster, jugés et exécutés. Leurs partisans se révoltent mais sont massacrés par l’armée et les survivants expédiés à la guillotine de Tyburn, la révolution mange ses enfants. L’ancien premier ministre William Pitt passe en jugement et est condamné à mort, au moment de monter à la guillotine il déclare au bourreau : Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine. » Thomas Paine fait passer des lois accélérant les procédures judiciaires et les condamnations, les prisons sont pleines de personnes en attente d’exécution et les droits fondamentaux sont supprimés. En Irlande la rébellion catholique se poursuit et s’étend et des centaines de soldats révolutionnaires sont massacrés par les paysans. Cependant en Angleterre même Paine sait maintenir l’ordre. Il fera transformer la cathédrale Saint-Paul en panthéon où seront transférées les cendres de Newton après la destruction de l’abbaye de Westminster. Thomas Paine fait voter aussi l’abolition de l’esclavage dans les colonies et restaure les caisses de l’Etat.
Mais le 27 juillet 1795 les députés de Westminster décident de se débarrasser de Paine, devenu trop tyrannique. A l’occasion d’un discours ils le mettent en accusation par surprise pour dictature. Cette attaque frontale fait paniquer l’Incorruptible qui préfère se réfugier auprès de ses partisans. Cette retraite encourage les députés qui ordonnent son arrestation. L’armée est envoyée pour désarmer ses hommes, Thomas Paine est arrêté alors qu’il essayait de se défendre, il prend accidentellement une balle dans la mâchoire. Le lendemain même il est mené à la guillotine sans procès. C’est la fin du régime de Terreur, des milliers de prisonniers politiques sont libérés de prison.
1795 : Après la fin brutale de Thomas Paine la vie politique britannique reprend un cours moins violent mais pas pacifique pour autant. Le tribunal révolutionnaire a été supprimé mais les radicaux ayant survécus aux purges tentent à plusieurs reprises de prendre le pouvoir l’insurrection, provocant la répression policière. Pourtant les élections légales portent au pouvoir des républicains modérés dirigés par des chefs peu scrupuleux (ceux qui avaient des scrupules étaient déjà morts). Ce gouvernement signe des accords avec les Irlandais rebelles qui déposent les armes. Ils tentent aussi de tendre la main aux royalistes partisans de Charles IV Savoy. Ces derniers y voient l’occasion de prendre le pouvoir par la force, ils réussissent à soulever Londres en leur faveur et tentent d’attaquer Westminster. Le gouvernement confie alors sa sécurité au jeune lieutenant Arthur Wellesley (Wellington) qui se charge alors d’éradiquer les insurgés réfugiés dans la cathédrale de Westminster à coup de canon. Le gouvernement républicain est alors sauvé et Wellesley est nommé général. Le gouvernement promulgue une nouvelle constitution qui inaugure le régime du Directoire qui est dirigé par 5 « boss » qui permet un retour à une vie plus normale, des fêtes commencent à être de nouveau organisées à Londres.
Sur le plan militaire le Commonwealth résiste toujours. Le Hanovre a été officiellement annexé à la Grande Bretagne. En Norvège l’offensive suédoise a été bloquée. La Prusse se sentant immédiatement menacée par les armées révolutionnaires signe la paix et sort du front antibritannique. Une nouvelle tentative de débarquement dans les Cornouailles d’une armée franco-royaliste échoue. En Italie, Venise, Naples et la Toscane se déclarent officiellement neutres. Les Britanniques perdent cependant le contrôle de la Corse reconquise par le capitaine Bonaparte (le jeune officier avait été choisi pour ses origines corses) et ses troupes contre les partisans de Paoli, la république de Corse est abolie. En Amérique la guerre navale commence à mettre à mal l’économie des Etats-Unis et des colonies françaises même si les besoins locaux peuvent être désormais satisfaits sur place. Le Lieutenant Général d’Amérique prend des mesures pour gérer la crise et décide de réunir une assemblée continentale spéciale pour cela, Robespierre est élu représentant de la Nouvelle-Orléans. L’assemblée débat aussi de problèmes plus locaux comme l’immigration américaine au Kentucky français qui provoque des tensions avec les Etats-Unis.
1796 : Dans le Commonwealth britannique le lieutenant Wellesley se voit récompensé de son action décisive contre les royalistes par sa nomination à la tête de l’armée d’Allemagne. Cette armée, mal équipée et mal organisée se trouve depuis longtemps bloquée face aux forces franco-autrichiennes. Le général Wellesley change tout cela, il réorganise son armée, motive ses hommes par son charisme personnel et lance une vaste offensive en direction de l’Autriche, convaincu que les Français préfèreront rester sur la défensive derrière leur ligne de forts. Il pénètre ainsi profondément en Allemagne, s’enfonce en Bavière et occupe Munich qui l’accueille en libérateur (le pays supportait mal la supériorité autrichienne). En quelques batailles décisives Wellesley se construit une réputation de commandant de talent, ambitieux et audacieux qui se répand jusqu’à Londres. Il devient en peu de temps un général populaire, victorieux alors que les autres fronts sont en difficultés (comme par exemple la tentative de débarquement manqué au Canada français). Wellesley profite de ses succès pour piller les richesses artistiques des Etats allemands qu’il fait expédier à Londres. Peu après il contraint le Danemark à la capitulation et organise les républiques-sœurs de Germanie, de Saxe et du Danemark, la république-sœur de Norvège est restaurée après le repli des Suédois. De plus l’Espagne est contrainte à la paix après avoir vu sa flotte anéantie, l’Espagne se voit contrainte de se joindre au Commonwealth, ce qui provoque la guerre contre la France.
La même année la tsarine de Russie Catherine II s’éteint, laissant son trône à Alexandre 1er.
1797 : le général Wellesley court de victoires en victoires en Allemagne, il contraint les Autrichiens à se retirer de Bavière, qui devient une république. Il repousse les Français du Palatinat et les contraint une nouvelle fois à la défensive, création de la république du Rhin. En Italie la contamination révolutionnaire parvient à ses fins, Venise chasse le dernier doge et instaure une république à l’Anglaise. Venise promet de rester neutre dans le conflit révolutionnaire mais signe secrètement un pacte avec Arthur Wellesley, promettant de déclarer la guerre à l’Autriche lorsque le général britannique pénètrera sur les terres impériales. Vienne est mise au courant de cet accord grâce à ses espions. Face à la menace britannique contre l’Autriche l’empereur François II est contraint de signer une paix séparée à Salzbourg. Arthur Wellesley, victorieux, devient alors le héros des Britanniques. Lors des négociations de Salzbourg une clause secrète est insérée au traité, Arthur Wellesley laisse les complètes mains libres aux Autrichiens face au problème vénitien. François II ne pardonne pas la menace de coup de poignard dans le dos des Vénitiens. Peu après les troupes impériales attaquent et annexent la Vénétie, Venise est occupée et la république abolie.
Le Commonwealth peut alors demander la réunion d’une conférence européenne à Rastatt à laquelle la France et la Suède se joignent. Les victoires donnent au Directoire assez de pouvoir pour dissoudre le parlement de Westminster (trop favorable aux royalistes) et convoquer un parlement plus docile.
Aux Etats-Unis Georges Washington termine son second mandat et laisse la place à son successeur, John Adams. Du côté des colonies françaises le Lieutenant Général d’Amérique Lavoisier meurt au cours d’une expérience chimique. L’assemblée continentale doit alors prendre un pouvoir qu’elle n’a pas face à cette urgence et à l’absence de communications avec la France. Elle nomme Maximilien de Robespierre, un de ses députés Lieutenant Général par intérim, cette charge sera confirmée plusieurs mois après par Paris, qui préfère laisser les colonies bien gérées et calmes pour la durée des hostilités.
1798 : Au début de cette année le gouvernement du Commonwealth autorise la National Navy à attaquer les navires de commerce américains (bien qu’ils soient neutres) pour rendre plus difficile le commerce avec la France. Cette décision entraîne la rupture des relations diplomatiques avec les Etats-Unis qui tournent dès lors leur commerce vers les colonies françaises et entreprennent de se doter d’une marine de guerre.
Peu de temps après Londres accueille en héros le général Wellesley qui espère recevoir le prix de ses exploits. Il critique ouvertement le régime et ne masque pas ses ambitions mais estime devoir augmenter encore sa gloire militaire. C’est pour cela qu’il imagine les plans d’une invasion de l’Egypte pour bloquer la route des Français avec leurs colonies indiennes. Le Directoire est heureux de se débarrasser de lui et lui accorde tout ce qu’il souhaite. En quelques mois une flotte est réunie sous le commandement d’Horatio Nelson. Wellesley commande et fait rapidement traverser la Méditerranée à ses hommes. Ils prennent Malte et débarquent peu après à Alexandrie. Arrivés aux portes du Caire ils affrontent et massacrent les troupes mameloukes lors de la bataille des pyramides. Victorieux, une fois de plus, Wellesley organise sa conquête mais entreprend aussi de mieux la connaître en créant un Institut d’Egypte composé d’importants scientifiques amenés avec lui. Ils seront à la base de la future égyptologie et de la redécouverte des merveilles oubliées des pharaons.
L’expédition a été facilité par l’incapacité des Français à vaincre les Britanniques en Méditerranée, Nelson anéantit une flotte française dans la baie d’Aboukir tandis que l’empire ottoman déclare la guerre au Commonwealth. Cette victoire permet à Wellesley de stabiliser la situation en Egypte.
En Europe la France réussit à réunir ses alliés dans une seconde coalition contre la politique orgueilleuse du Directoire. L’Autriche et la Suède reprennent la guerre, la Russie se joint à eux.
Aux Etats-Unis le président Adams organise une conférence avec le Lieutenant Général Robespierre pour mettre un terme à la dispute du Kentucky qui empoisonne les relations franco-américaines et dessiner des frontières sures entre les deux Etats. Le Kentucky, désormais peuplé en majorité d’anglophones est cédé aux Etats-Unis et devient le 14e Etat. Pour réduire la pression des immigrants Robespierre autorise aussi le passage des colons américains vers l’Ouest mais il leur est interdit de s’installer dans les colonies françaises.
1799 : Le général Arthur Wellesley se lance dans une offensive militaire en Palestine et prend Gaza, il est cependant repoussé devant Acre par les renforts Français alliés aux Ottomans et doit retourner en Egypte. Là, il reçoit de mauvaises nouvelles venant d’Europe.
La prise de pouvoir par Arthur Wellesley : Le général, encore bloqué en Egypte apprend par ses courriers réguliers la situation en Europe où les Britanniques se retirent de partout. La Norvège, la Bavière et le Danemark ont été évacués face aux offensives ennemies et à la révolte des populations locales opprimées (notamment dans la très catholique Bavière), les Britanniques ne conservent des conquêtes de Wellesley seulement le Hanovre et en Hollande. De plus le régime des 5 boss est de plus en plus critiqué pour ses défaites, sa corruption et son attitude répressive. Le mépris dans lequel est tenu le gouvernement convainc Wellesley de ses chances. Il pourrait apparaître désormais comme un possible sauveur, il quitte donc ses hommes en Egypte, laissant le commandement à ses lieutenants et rentre à Londres. A peine arrivé sur place qu’il reçoit le soutien de nombreux hommes politique et d’une forte partie de la population. C’est ainsi que le 9 novembre le général Wellesley profite d’une réunion du parlement à Hampton Court pour ordonner l’arrestation de ses ennemis politiques par ses soldats. Arthur Wellesley prend le pouvoir par la force et le 10 novembre in contraint les députés restant à le nommer Lord Protecteur (titre rappelant celui de Cromwell), instaurant le régime du Protectorat. Dans les jours qui suivent les libertés fondamentales sont fortement réduites. La révolution britannique est terminée.
1800 : Ayant désormais le pouvoir bien en main le Lord Protecteur Wellesley entreprend une série de réformes fondamentales. Il promulgue un nouveau texte de lois, le Code Civil qui perpétuera dans le temps la plupart des avancées de la révolution et est toujours en vigueur en Grande Bretagne. Il proclame aussi l’Union de la Grande Bretagne et de l’Irlande où les derniers rebelles catholiques déposent les armes. En Allemagne le Lord Protecteur prend la tête des opérations et lance une série d’offensives audacieuses. Les Franco-Autrichiens sont battus à plusieurs reprises et les Britanniques avancent de nouveau jusqu’en Bavière et la Belgique française est envahie après la chute de Bruxelles. Wellesley restaure alors la république de Germanie et celle de Bavière. En Egypte même les Britanniques se maintiennent après leur victoire à Héliopolis face aux Franco-Ottomans. Face à ces défaites répétées la coalition perd de sa cohésion, la Russie fait une paix séparée, de même que la Suède qui rejoint le camp des neutres, laissant Français et Autrichiens isolés.
1801 : L’Autriche, de nouveau menacée à ses frontières, signe la paix avec les la Grande Bretagne, laissant la France totalement isolée alors que Calais et Lille sont attaquées et qu’une nouvelle flotte française est anéantie au large de l’Egypte (à noter qu’un coup de canon perdu permit alors la découverte dans la forteresse de Rosette d’une étranger pierre bilingue grecque et égyptienne qui fournira par la suite la clé du déchiffrement des hiéroglyphes). Face à ces catastrophes le premier ministre Danton est contraint à la démission, l’assemblée nationale appelle au pouvoir un militaire capable de conduire la guerre, le meilleur des généraux français, le général Bonaparte (qui a fait du chemin depuis la campagne de Corse), Louis XIX lui accorde alors un mandat exceptionnel de crise.
En Grande Bretagne Arthur Wellesley poursuit ses réformes et ma pacification du pays en signant un concordat restaurant les relations entre le pape et la Grande Bretagne républicaine.
1802 : Sur décision du Lord Protecteur la république de Danemark, celle de Saxe, de Bavière et de Germanie sont réunies dans une grande république d’Allemagne qui réunit alors la majorité des Etats allemands. L’assemblée nationale réunie à Francfort élit comme président Arthur Wellesley lui-même. La république de Norvège vote son annexion au Commonwealth britannique.
En France les mesures d’urgence de Bonaparte ont permis de rétablir la situation, Calais et Lille ont été sauvées et l’armée française avance en Belgique. Mais lorsque le Lord Protecteur offre la paix et la restitution de Bruxelles le général corse préfère profiter de l’occasion (il aura surement l’occasion de reprendre la lutte plus tard). La France et la Grande Bretagne signent la paix d’Amiens et Paris reconnaît enfin le Commonwealth britannique et le régime du Lord Protecteur comme gouvernement légitime. Arthur Wellesley est alors célébré en Europe comme un héros et le pacificateur du continent. La France reconnaît aussi le contrôle britannique de l’Egypte qui devient une colonie, cependant Wellesley accord à la France un libre passage vers les Indes françaises. La paix d’Amiens permet aussi de rétablir les communications entre la France et ses colonies américaines. Paris décide alors de confirmer Robespierre pour un nouveau mandat au vue de ses bons résultats économiques et diplomatiques. En Grande Bretagne même le régime du protectorat apporte aux citoyens la paix, la victoire, la gloire et la prospérité, Arthur Wellesley en est le héros.
1803 : Profitant de la paix le premier ministre Bonaparte est confirmé dans ses fonctions par l’assemblée nationale. Sa première décision est d’envoyer l’amiral Decaen et sa flotte dans les colonies indiennes restées isolées pendant la guerre pour ramener l’ordre. Il ordonne aussi à Robespierre la création d’arsenaux et de chantiers navals dans les colonies, il souhaite développer la Marine Royale en prévision de la reprise des hostilités.
En effet peu après le Lord Protecteur décide d’annexer la Sarre ce qui était interdit par le traité d’Amiens. Louis XIX et l’assemblée nationale dénoncent le traité et la guerre reprend mais cette fois c’est une France isolée (pour la première fois depuis plus d’un siècle) qui déclare la guerre. Automatiquement Arthur Wellesley rétablit le blocus des ports français et un camp militaire est créé à Douvres et une immense flotte est réunie en prévision d’une invasion massive et directe contre la France. Bonaparte organise alors la surveillance des côtes et prépare le gouvernement à évacuer au cas où.
En Grande Bretagne une nouvelle monnaie est créée, la British Pound. Dans le même temps une nouvelle insurrection catholique éclate en Irlande. Le Lord Protecteur se voir menacé et rétablit le ministère de la police qui impose dès lors l’ordre et la fidélité au pays. Dans les Caraïbes les troupes britanniques sont chassées de Saint-Domingue par les rebelles haïtiens. Dans les terres inexplorées de l’Ouest américains les deux Français Louis et Clerc débutent une grande expédition d’exploration qui les mènera jusqu’à l’océan Pacifique. Ce voyage de deux années permettra à la France de revendiquer pour elle la possession de l’ensemble du Nord-Ouest du continent.
En Europe la création de la république d’Allemagne a mis fin au Saint Empire Romain Germanique, François II abandonne donc ce titre et se proclame empereur héréditaire d’Autriche sous le nom de François 1er.
En Grande Bretagne le Lord Protecteur Arthur Wellesley envisage de changer la forme du gouvernement. Le parlement de Westminster consulté lui confère à l’unanimité le titre d’empereur des Britanniques. Ce titre est confirmé en décembre par un plébiscite national positif à 89%. Le parlement, devenu simple théâtre d’apparences devient le Parlement Impérial et peu après Arthur II, empereur des Britanniques se couronne lui-même durant une grande cérémonie dans la cathédrale Saint-Paul. Naissance de l’empire arthurien.